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MEDEF (Mouvement des entreprises de France), ex-CNPF

Le Medef (Mouvement des entreprises de France) est une organisation de type confédéral rassemblant les « patrons » des principales entreprises françaises de l'industrie et du commerce. Venant entériner le déclin de l'influence des professions industrielles au sein de l'organisation patronale – et la montée en puissance des secteurs de la finance –, l'élection en 2005 de Laurence Parisot à la présidence du Medef, bénéficiant du soutien des principales fédérations du secteur des services, révèle une nouvelle géopolitique interne du patronat. Mais elle semble également parachever la réorientation stratégique initiée par le président précédent, Ernest-Antoine Seillière, porté à la tête du C.N.P.F. en 1997 après l'échec qu'avait constitué pour le patronat l'adoption des trente-cinq heures. Se définissant, jusque dans le nouveau nom adopté en 1998, comme le porte-parole de l'entreprise et d'une « vision entrepreneuriale de la société » – et non plus simplement comme le représentant des patrons sur la scène du dialogue social –, l'organisation se plaçait délibérément sur le terrain du projet politique et de la « magistrature morale ». Ce faisant, et comme allait le montrer l'initiative dite de la « refondation sociale », la confédération révisait radicalement les conceptions de son rôle vis-à-vis des entreprises, de sa place dans la société et des relations qu'elle doit entretenir avec ses interlocuteurs, pouvoirs publics ou syndicats.

La difficile émergence d'une confédération patronale

Si les équilibres internes constituent une dimension essentielle pour analyser le syndicalisme patronal, c'est qu'ils exercent une influence majeure sur les stratégies de l'organisation vis-à-vis de son environnement politique ou social. C'est là un élément de continuité majeure entre le Medef, le « vieux » C.N.P.F. et tous leurs prédécesseurs dans l'histoire. Dès l'origine en effet, la distribution du pouvoir entre les composantes de la confédération patronale a balisé le répertoire des options stratégiques dans les rapports avec les pouvoirs publics ou les syndicats de salariés. C'est que l'organisation d'un syndicalisme patronal est une mécanique complexe, spécifique, notamment si on la compare au syndicalisme ouvrier, et qui doit composer avec des contraintes particulières. La culture individualiste des chefs d'entreprise, l'extrême diversité de leurs entreprises et donc de leurs intérêts, le contexte concurrentiel dans lequel ils agissent forment autant d'obstacles à l'organisation d'une action collective.

Les entrepreneurs français ne se sont d'ailleurs organisés en associations professionnelles que sous la menace de l'intervention étatique ou syndicale dans leurs affaires : au milieu du xixe siècle pour lutter contre les politiques libres-échangistes, et surtout à partir des premières années du xxe siècle pour faire face aux revendications ouvrières et à l'action des syndicats reconnus par la loi de 1884. Il faut aussi souligner que le syndicalisme patronal demeure encore, et pour longtemps, organisé sur un mode très décentralisé, chaque fédération de branche ou d'industrie, chaque chambre syndicale locale défendant fermement son indépendance à l'égard de toute tentative de concentration des pouvoirs.

Un début de centralisation s'esquisse en 1901, lorsque le Comité des forges crée l'U.I.M.M., organe spécialisé dans le traitement des problèmes sociaux, qui verra son rôle s'accentuer lorsque sera votée en 1919 la première loi sur les conventions collectives. C'est la même année, alors que la reconstruction de l'appareil industriel appelle l'intervention de l'État, que le ministère de l'Industrie suscite la création[...]

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Écrit par

  • : docteur en science politique, chargé de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques (U.M.R. Pacte, Institut d'études politiques, Grenoble)

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