MÈDES
L'apparition en Asie antérieure des éléments iraniens qui faisaient partie de la branche occidentale des Irano-Aryens introduit une nouvelle et importante page dans l'histoire des grandes puissances du Moyen-Orient : l'Assyrie, la Babylonie, l'Élam, l'Urartu. L'arrivée de ces tribus, différentes des autochtones asianiques par leur aspect ethnique, par leur langue, par les formes de leur culture matérielle, par le mode de vie et leurs croyances religieuses, amenait des changements radicaux dans les destinées de ces régions au cours des premiers siècles du Ier millénaire avant notre ère. Une nouvelle époque s'annonçait dans l'histoire des peuples de langue iranienne à partir de la formation des grands États iraniens, celui des Mèdes et celui des Perses, aux viie et vie siècles avant notre ère. À ces deux groupes d'Iraniens, viendront s'ajouter les Cimmériens et les Scythes, Iraniens aussi. Mèdes et Perses, Cimmériens et Scythes apporteront à cette partie de l'Asie antérieure une vie historique qu'elle ignorait jusqu'alors.
Le plateau auquel ces Iraniens donneront leur nom s'ouvre aux nouvelles étapes de sa culture matérielle. Les villages préhistoriques se trouvent remplacés par des villes où, à l'intérieur d'une puissante muraille, un château fortifié élevé sur une butte voisine avec la ville basse. Les traditions funéraires subissent une profonde novation : les morts ne sont plus ensevelis sous le sol des maisons mais dans des nécropoles, à une certaine distance des villes habitées. Les défunts sont accompagnés de leurs armes, bijoux, poterie, puisque leur existence dans l'au-delà ne devait pas différer de leur vie sur terre.
Les origines
Salmanazar III, roi d' Assyrie (859-824 av. J.-C.), lors de sa campagne de 843 avant J.-C. s'empare du pays de Parsua ou pays des Perses, au sud et à l'ouest du lac d'Urmiya (Rezaiyé), au nord-ouest du plateau iranien. En 834 avant J.-C., au cours d'une autre opération, ses troupes pénètrent au sud-est de ce lac, dans le pays de Mada ou celui des Mèdes. Ces deux passages des annales assyriennes sont les plus anciennes mentions de la présence des Iraniens, Mèdes et Perses, dans cette partie de l'Iran.
Des deux hypothèses concernant la voie suivie par ces tribus, est-ouest ou nord-sud, pour arriver sur le plateau, nous retiendrons la seconde, celle qui passait par cet isthme que forme le Caucase. Elle semble trouver sa justification dans le fait que, déjà au xie-xe siècle avant J.-C., l'onomastique attestée au nord du lac d'Urmiya, donc non loin de la Transcaucasie, connaît des éléments iraniens. Cette route était aussi celle que suivirent quelques siècles plus tard Cimmériens et Scythes, ces nomades iraniens, et qui fut décrite par Hérodote. Enfin, certaines affinités de la culture matérielle mède avec celles du Caucase seraient susceptibles d'étayer cette conjecture.
Cavaliers nomades, arrivés avec leurs chevaux et leur bétail, les Mèdes se fixent dans un pays montagneux propice à leur existence où l'agriculture cède le pas à l'élevage. Les régions où ils s'installent n'ont qu'une population clairsemée qu'on désigne sous différents vocables ; tantôt « caspienne », tantôt « zagro-élamite », ou par un terme négatif « asianique », qui indiquerait la non-appartenance de ces autochtones au groupe indo-sémite comme les Assyriens, ou indo-européen comme les Iraniens. Ces aborigènes ne seront absorbés qu'au cours de longs siècles par les Mèdes grâce à la supériorité de la puissance de ceux-ci, grâce à leurs institutions militaires et tribales plus développées. Ils s'imposeront à la longue par une large diffusion de leur langue, au début moyen de liaison entre les tribus mèdes, puis acceptée par les autochtones assimilés. Il faut, semble-t-il, renoncer à les considérer comme arrivés en « conquistadores », idée[...]
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Écrit par
- Roman GHIRSHMAN : membre de l'Institut
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