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MÉDIAS

Le terme média désigne tout moyen de communication, naturel ou technique, qui autorise la transmission d'un message. Mais son usage courant renvoie, de façon plus restrictive, aux médias de masse, c'est-à-dire aux moyens de diffusion collective permettant d'atteindre des publics vastes et hétérogènes.

Initiée en France par Fernand Terrou qui crée, en 1937, un Institut de science de la presse au sein de l'université de Paris, l'analyse des médias demeure néanmoins impulsée par la recherche anglo-saxonne. Investie par la psychologie sociale au milieu du xxe siècle, elle devient une science avec Carl Hovland, Paul Lazarsfeld et Harold Lasswell. La question programmatique posée par ce dernier (qui, dit quoi, par quel canal, à qui, et avec quel effet ?), délimite en 1948 les différents champs d'investigation de la nouvelle discipline. C'est la question des effets de l'exposition aux médias qui va susciter le plus de travaux, lesquels concluent d'abord à un impact limité, avant que de nouvelles approches (agenda-setting) ne conduisent à le réévaluer à partir des années 1970. Le sociologue français Jean Stoetzel insiste quant à lui sur les fonctions de sociabilité, de récréation et de procuration que joue la presse pour son public. Enfin, Marshall McLuhan, souvent accusé de déterminisme technologique, décrit la contraction de l'espace et du temps en un « village global », dans lequel les médias sont une extension physique et mentale de l'homme.

La médiatisation a transformé le fonctionnement des sociétés contemporaines. L'avènement de la presse écrite, de la radio, de la télévision et du réseau Internet a en effet conduit à une véritable explosion de l'information et à une « opulence communicationnelle » (Abraham Moles). La transmission de messages à distance et leur réception quasi instantanée par un public qui peut difficilement les esquiver ont profondément modifié les rapports de pouvoir. Les médias constituent ainsi un instrument majeur (mais complexe) de domination, utilisé par les acteurs politiques et économiques pour tenter d'imposer à l'opinion publique des « définitions de la situation » (William Thomas) par le(s) biais de l'information.

La médiatisation de la société

Avec quelques années de retard sur des pays comme la Hollande et l'Angleterre, la France est entrée depuis quatre siècles dans l'ère des médias. En 1631, Théophraste Renaudot crée La Gazette, hebdomadaire parisien dont le contenu est très largement contrôlé par le pouvoir. Le siècle des Lumières, puis la Révolution française voient la multiplication des journaux, qui participent à la formation d'un « espace public » dont le développement se heurte encore à l'illettrisme de la majorité de la population. En 1836, Émile de Girardin lance La Presse, le premier grand quotidien. Le Petit Journal (1863) marque quant à lui l'entrée dans l'ère industrielle. La commercialisation devient massive grâce à la modernisation des techniques d'impression, tandis que l'école obligatoire va considérablement étendre le lectorat potentiel.

Mais la presse écrite est ensuite confrontée à l'apparition de nouveaux médias, issus des innovations dans le domaine des télécommunications. D'abord utilisée à des fins militaires, la radio devient dans les années 1920 un média d'information. Elle bouleverse la temporalité médiatique en permettant à ses auditeurs de suivre les événements en temps réel. Quant au cinéma, il diffuse des reportages filmés sur l'actualité française et internationale et préfigure la télévision, qui se développe à partir des années 1950. De 3 000 en 1950, le nombre de récepteurs passe ainsi à 988 000 en 1959, 11 millions en 1970, 28 millions en 1988. En 2004, 94,8 p. 100 des ménages possédaient au moins un téléviseur couleurs.[...]

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Écrit par

  • : doctorant en science politique, D.E.S.S. de communication politique et sociale, université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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