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MÉDICAMENTS GÉNÉRIQUES

Validité des génériques

L'article L 601-6 du Code de la santé publique français donne une définition précise du générique : un médicament qui a la même composition qualitative et quantitative en principes actifs que le produit de référence, la même forme pharmaceutique, et qui est bioéquivalent du produit de référence, ce qui signifie que son absorption et sa distribution dans l'organisme doivent être identiques à celles du produit de référence, autant que l'on puisse en juger d'après les études de biodisponibilité. Une fois une molécule originale passée dans le domaine public, toute firme pharmaceutique a le droit de la copier pour fabriquer un générique. Mais, comme pour tout médicament, celui-ci ne peut être commercialisé sans l'autorisation de mise sur le marché (A.M.M.) délivrée par l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), qui tient également à jour un répertoire des génériques. Or le laboratoire pharmaceutique qui fabrique la copie médicamenteuse n'a plus à apporter la preuve de l'efficacité et de l'innocuité du produit. Le dossier destiné à l'A.M.M. comprend essentiellement les études de bioéquivalence et les données concernant l'origine des matières premières, la qualité pharmaceutique et le mode de fabrication du produit. Des contrôles sont réalisés sur les lieux de production. Les génériques sont donc soumis aux mêmes règles de qualité que les spécialités princeps, ce qui est le moins que l'on puisse exiger pour ces médicaments produits à partir de matières premières et avec des procédés de fabrication dont les coûts sont calculés au plus juste.

La connaissance des lieux de production, l'existence de contrôles de qualité impartiaux et le fait que les produits actifs soient rigoureusement identiques à ceux qui composent la spécialité de référence peuvent rassurer les médecins et les consommateurs. La définition du générique appelle toutefois quelques réserves. En vertu de l'article L 601-6 précité, toutes les formes orales à libération immédiate sont considérées comme une même forme pharmaceutique. Un générique peut être ainsi présenté, indifféremment, sous forme de gélules, de comprimés, de capsules, de granulés ou de poudres pour suspension buvable. Peut-on admettre que ces formes galéniques sont bioéquivalentes ? Difficilement sans études pharmacocinétiques précises, car on sait bien que la vitesse de dissolution des médicaments dans le tube digestif dépend de leur présentation. L'absorption des gélules varie selon leur enrobage, et un cachet effervescent sera plus vite absorbé qu'un comprimé. Aussi peut-on s'étonner de voir figurer des formes effervescentes aux côtés de comprimés et de gélules dans le répertoire des génériques. Par ailleurs, certaines formes pharmaceutiques, comme les médicaments à libération prolongée, les formes topiques et les médicaments associant plusieurs molécules, se prêtent mal à la substitution, car elles présentent des risques élevés de non-équivalence.

Enfin, si les principes actifs sont identiques, les excipients peuvent varier. Il en existe des milliers, la plupart dépourvus de tout effet, qui ont pour seul objet de stabiliser le principe actif et, éventuellement, de faciliter la prise du médicament. Bien qu'en principe inertes, ces excipients modifient parfois l'absorption du produit actif.

Seules des études rigoureuses peuvent donc garantir l'équivalence des génériques. Celles qui sont réalisées pour obtenir l'A.M.M. suffisent-elles ? Sans doute pas toujours, car de multiples facteurs peuvent modifier la cinétique d'absorption d'un médicament, et les études menées dans des conditions standard peuvent difficilement prendre en compte toutes ces subtilités. Ainsi, comme le signale la thèse de Stéphanie Choquet (« Les[...]

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