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MÉDICANES

Un mécanisme d’émergence différent de celui des cyclones tropicaux

Ces médicanes ont en commun de s’être développés dans des situations où l’atmosphère a été rendue potentiellement instable par la présence simultanée d’air suffisamment chaud et humide près de la surface maritime et, en altitude, d’une poche d’air froid et sec prenant naissance au sein d’une forte ondulation du courant-jet polaire. Ils se sont formés à partir de nuages orageux plus ou moins isolés et désorganisés, qui se sont ensuite rassemblés pour s’enrouler en spirale autour d’un œil de ciel clair. Puis ils se sont affaiblis en arrivant au-dessus des continents.

Tout comme les cyclones tropicaux, les médicanes sont composés de nuages orageux qui puisent leur énergie de la surface de la mer. Leur développement nécessite toutefois l’intervention d’une impulsion initiale qui permette à l’air chaud et humide des basses couches de s’élever suffisamment haut pour qu’une partie de sa vapeur d’eau condense, sous forme de gouttelettes ou de cristaux de glace, en libérant de fortes quantités de chaleur. Cependant, alors que les cyclones tropicaux prennent naissance dans une masse d’air d’origine tropicale et trouvent cette impulsion près de la surface dans les basses couches de l’atmosphère, la formation des médicanes est tributaire de la présence simultanée d’une mer chaude sous-jacente, surplombée d’une zone dépressionnaire d’air froid d’origine polaire porteur d’un fort potentiel de rotation (on parlera plutôt de fort tourbillon potentiel) : de même que le moment cinétique est une valeur conservative pour le patineur qui voit sa vitesse de rotation ralentir lorsqu’il écarte les bras et augmenter quand il les ramène près du corps, le tourbillon potentiel est une variable conservative qui tient compte non seulement du moment cinétique mais aussi des transformations de température, pression ou humidité, subies par une masse d’air en mouvement sur une Terre en rotation. Tout déplacement vertical induit alors une forte anomalie de tourbillon potentiel et devient générateur d’instabilité, se traduisant par un renforcement de la dépression, compensé par des courants verticaux. Les courants ascendants contribuent à l’intensification de l’alimentation du système nuageux en air chaud et humide, et au renforcement de la tempête. Dans les courants descendants, l’air sec d’altitude, rencontrant des pressions de plus en plus importantes, se réchauffe, s’assèche et peut ainsi donner naissance à des secteurs chauds dénués de tout nuage.

De ce fait, les médicanes apparaissent comme des systèmes hybrides possédant à la fois des caractéristiques de cyclones des régions tropicales et de dépressions des latitudes tempérées. Leur formation est affectée par la circulation atmosphérique à grande échelle, alors que celle des cyclones tropicaux, qui ne puisent leur énergie que de la surface chaude des océans, résulte essentiellement des conditions locales. Le développement des médicanes est ainsi moins dépendant de la température de la mer que celui des cyclones tropicaux.

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