MÉDITATIONS POÉTIQUES, Alphonse de Lamartine Fiche de lecture
Les Méditations poétiques d'Alphonse de Lamartine (1790-1869) sont publiées le 11 mars 1820, à 500 exemplaires, sans nom d'auteur, avec un « avertissement » liminaire signé E[ugène] G[enoude], chez l'éditeur Charles Nicolle, alors bien connu des cercles catholiques et royalistes. Soigneusement lancé dans les salons aristocratiques, ce mince recueil de 24 poèmes rencontre aussitôt un immense succès et provoque une révolution dans la vie de l'auteur comme dans la poésie du xixe siècle. Cette édition originale sera suivie d'une seconde, dès le 10 avril, puis d'autres, parfois augmentées, jusqu'à celle dite « des Souscripteurs » en quarante et un poèmes (1849).
Une poésie de l’âme
Les Méditations poétiques paraissent durant le règne de Louis XVIII (1815-1824) dont Lamartine fut l'un des gardes du corps. Né le 21 octobre 1790 à Mâcon, d'une famille de la petite noblesse catholique et royaliste, élevé chez les Pères de la Foi (ex-Jésuites) de Belley, Lamartine vit une jeunesse dissipée en une époque de grande instabilité politique marquée par le sacre de Napoléon en 1804, son abdication en 1814, puis la Restauration à partir de 1815. Le jeune homme qui mène une vie oisive et instable rencontre, en octobre 1816, sur les rives du lac du Bourget, Julie Charles, venue à Aix-les-Bains pour soigner une tuberculose. La mort de la muse aimée, en décembre 1817, provoque en lui une profonde crise existentielle et religieuse. Elle lui inspire ses plus célèbres méditations : « Souvenir », « Le Lac de B.», « Invocation » ; certaines sont composées en souvenir d'« Elvire », prénom sous lequel il réunit les femmes qu'il a aimées (Julie Charles, mais aussi la Napolitaine Antoniella morte en 1815, et Mary-Ann Birch, qu’il a épousée en juin 1820).
Lamartine présente ses Méditations comme celles du « cœur », de « l'âme » et de « la nature ». Harmonieuses et rythmées, elles allient la rhétorique classique au registre de l’élégie, la période oratoire à la formule de type aphoristique, la rigueur linguistique à la fluidité métaphorique. Trait d'union entre les xviiie et xixe siècles, l'écrivain se nourrit du roman de Jean-Jacques Rousseau La Nouvelle Héloïse, de Renéet du Génie du christianisme, de Chateaubriand, qui exaltent le « moi », le « vague des passions » et la nature ; certains de ses poèmes – accompagnés de ses commentaires – revendiquent l'influence du romantisme anglais ( le cycle d’Ossian de James Macpherson, Lord Byron).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Yves LECLAIR : professeur agrégé, docteur en littérature française, écrivain
Classification
Autres références
-
LAMARTINE ALPHONSE DE (1790-1869)
- Écrit par Henri GUILLEMIN
- 4 513 mots
- 1 média
...Gand, se réfugie en Suisse, puis en Savoie, reprend son service après Waterloo, mais démissionne bientôt et cherche un autre emploi. En 1820, enfin (il va avoir trente ans), il parvient à se glisser dans la carrière, publie ses Méditations et se marie, épousant une Anglaise catholique, Mary-Ann Birch. -
TEMPS / MÉMOIRE (notions de base)
- Écrit par Philippe GRANAROLO
- 2 724 mots
Le temps est ce dont chacun d’entre nous ne cesse de faire l’expérience, de la naissance à la mort. Des premiers écrits de l’humanité jusqu’à la littérature contemporaine, en passant par les poètes de la Renaissance, Ronsard (1524-1585) et sa rose, dont la beauté « ne dure que du matin...