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MÉDITATIONS POÉTIQUES, Alphonse de Lamartine Fiche de lecture

À l’aube du romantisme

Le titre et le genre des Méditations s'inscrivent dans le souvenir à la fois de Descartes, de Malebranche, de Bossuet et de Volney. À des « contemplations », le poète penseur a préféré des « méditations » dont le climat de pensée profonde résonne plus gravement.

Si la plupart des poèmes obéissent aux règles rigoureuses de la prosodie classique (alexandrins, octosyllabes, rimes suivies ou croisées, quatrains), certains (« Le Désespoir », « Le Lac de B. », « La Gloire », « Le Golfe de Baïa, près de Naples», « Chants lyriques de Saül », « La Poésie sacrée, dithyrambe ») bousculent subtilement les conventions et font preuve de liberté prosodique dans l'agencement des strophes et des vers. Inaugurant l'esthétique romantique, les poèmes remettent aussi en question, en les entremêlant, les formes traditionnelles de l'élégie, de l'ode, de l'hymne, de l'imitation ou du dithyrambe.

Les Méditations poétiques ne procèdent pas d'un ordre chronologique. Leur composition dualiste reflète le double cheminement, sentimental et spirituel, d'un « moi » intime et universel, déchiré entre désespoir et idéal, finitude et immortalité, mélancolie et enthousiasme, l'ici et l'ailleurs. Les joies et les peines de l'amour humain apparaissent, dans leur désordre sublime, comme autant d'étapes vers l'amour divin : si la première méditation (« L'Isolement ») pleure la perte de l'aimée et la solitude du poète à Milly, la vingt-quatrième et dernière (« La Poésie sacrée ») loue la Bible et le Dieu chrétien.

L'auteur romantique exprime les malheurs et les élans d'une âme tourmentée (« Le Désespoir », « Souvenir », « L'Enthousiasme », « Adieu »). La mélancolie trouve refuge dans une nature consolatrice (« Le Vallon », « Le Lac de B.»), dont la splendeur confine parfois au panthéisme (« Hymne au soleil ») ; les états d'âme se confondent avec les paysages (« L'Automne ») ; l'amant malheureux invoque la muse défunte (« Souvenir », « Invocation ») ; les dédicaces célèbrent les figures tutélaires du poète (Lord Byron dans « L'Homme », Francisco Manuel do Nascimento dans « La Gloire », Eugène de Genoude dans « La Poésie sacrée »). D'autres poèmes, enfin, exaltent le sentiment religieux (« La Semaine sainte à La Roche-Guyon ») et voient en « Dieu » et en « la Poésie sacrée » le salut suprême.

Les Méditations poétiques illustrent les thèmes majeurs du lyrisme romantique : l'exaltation du « moi », les passions, la fuite du temps, le sentiment de la nature et l'inquiétude métaphysique. Alphonse de Lamartine est un poète du cœur, un penseur de la finitude et un prophète de l'infini. Ses poèmes ont bouleversé l'histoire de la poésie française, en magnifiant le lyrisme élégiaque d'une noblesse qui sublime l'inquiétude en quête d'absolu.

— Yves LECLAIR

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Écrit par

  • : professeur agrégé, docteur en littérature française, écrivain

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