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MÉHÉMET-ALI ou MUḤAMMAD ‘ALĪ (1769-1849) pacha d'Égypte (1805-1849)

Pacha d'Égypte (1805-1849) né en 1769 à Kavala, en Macédoine (auj. Grèce), mort le 2 août 1849 à Alexandrie.

Probablement d'origine albanaise, Méhémet-Ali n'est encore qu'un enfant quand meurt son père, commandant d'une petite armée financée par le gouverneur de Kavala. Il sera donc élevé par ce dernier. En 1798, l'Égypte, alors province semi-autonome de l'Empire ottoman, est occupée par les troupes de Napoléon Bonaparte. Méhémet-Ali fait partie du corps d'expédition ottoman envoyé pour combattre les Français. Fin politique, il parvient à se faire nommer wali, ou vice-roi du sultan ottoman en Égypte, en obtenant le titre de pacha dès 1805. L'occupation française, de 1798 à 1801, a fortement ébranlé les structures politique et économique traditionnelles de l'Égypte. Poursuivant la tâche commencée par l'occupant, Méhémet-Ali finit de détruire la société égyptienne traditionnelle. Il anéantit les puissants Mamelouks, prive les propriétaires fonciers de leurs terres, met les oulémas à sa botte, restreint les activités des marchands et des artisans, neutralise les Bédouins et écrase toute velléité de rébellion dans la paysannerie. Il peut désormais reconstruire une Égypte moderne.

Le pacha ne saisit pourtant pas cette opportunité et se contente d'administrer le pays selon les principes ottomans. Ayant éradiqué les moteurs du changement dès son arrivée au pouvoir et n'offrant aucune idéologie capable de rassembler ses sujets dans un grand effort national, Méhémet-Ali consacre la majeure partie de son temps à repousser les attaques de son suzerain, qui cherche à le destituer. Sa politique vise ainsi davantage à asseoir le pouvoir de sa famille en Égypte et à accroître ses revenus qu'à créer une nouvelle société.

Méhémet-Ali lance pour ce faire une révolution économique. Dès 1815, la plupart des terres arables du pays sont devenues propriété de l'État, qui en conserve tous les bénéfices. Le pacha améliore en outre le système d'irrigation du pays, introduit de nouvelles cultures commerciales, comme le coton, et réorganise l'administration pour soutenir sa politique dirigiste. Il tente également de mettre sur pied des industries de transformation. Renvoyant son armée de mercenaires, il crée une flotte et une armée d'Égyptiens enrôlés dans la paysannerie mais commandés par des Turcs et autres étrangers. Afin d'apporter le soutien nécessaire à ses troupes, il crée des écoles à l'occidentale pour former médecins, ingénieurs, vétérinaires et autres spécialistes. Il envoie également des étudiants se former aux techniques modernes en Europe. Le manque de sources d'énergie, de chefs d'entreprise et d'ouvriers qualifiés ruinent cependant ces efforts d'industrialisation. Même le secteur agricole finit par décliner en raison d'une mauvaise gestion, d'une taxation excessive, de la conscription militaire et du monopole de l'État sur le commerce. Au milieu des années 1830, la politique dirigiste de Méhémet-Ali génère de moins en moins de bénéfices tandis que les besoins de financement, d'ordre militaire surtout, vont croissant.

Méhémet-Ali soutient dans un premier temps le sultan ottoman. Il envoie ainsi son fils Ibrahim réprimer la rébellion qui a surgi en Arabie, où il chasse les Wahhabites du Hedjaz, et en Grèce. Il envahit par ailleurs le Soudan nilotique dans l'espoir d'y trouver des recrues pour son armée et de l'or pour ses coffres. Victorieux dans ces trois campagnes, le pacha pense être assez puissant pour défier le sultan, jusqu'à ce que l'intervention européenne en Grèce détruise sa flotte à Navarin en 1827. Durant sa première guerre contre le sultan (1831-1833), Méhémet-Ali prend le contrôle de la Syrie jusqu'à Adana. Au cours de la deuxième (1838-1841),[...]

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