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SHALEV MÉIR (1948-2023)

L’écrivain israélien Méir Shalev est né le 29 juillet 1948 aumoshav Nahalal, une communauté agricole de la vallée de Jezreel, en Galilée. Son père est le poète Yitshak Shalev. Sa mère, Batia Ben-Baraq fait partie de l’une des familles fondatrices de Nahalal. Ses parents, tous deux enseignants, férus de la Bible et de littérature, auront une influence déterminante sur sa vocation littéraire, son amour pour le texte biblique et la langue hébraïque.

Méir Shalev - crédits : Dan Porges/ Getty Images

Méir Shalev

Après des études d’art et de psychologie à l’université de Jérusalem, Méir Shalev travaille comme journaliste et auteur pour la radio et la télévision. En 1988, il publie son premier roman, Que la terre se souvienne. L’intrigue se situe dans un moshav des origines, sorte de réincarnation de Nahalal. Le livre est nourri de la connaissance intime que Shalev a du lieu et des récits collectés auprès des pionniers de la troisième alya, l’émigration des années 1920 en Palestine mandataire. Huit romans vont suivre qui consacrent Méir Shalev comme l’un des plus grands écrivains hébraïques de sa génération. Le Baiser d’Esaü (1991) relate l’histoire d’une famille de boulangers sous forme d’une parodie sophistiquée de l’histoire des patriarches et matriarches bibliques. En 1994 paraît Pour l’amour de Judith. Au centre de l’intrigue, une femme exceptionnelle, Judith, dont trois hommes sont éperdument amoureux. Dans La Meilleure Façon de grandir (1998), le héros appartient à une famille dans laquelle une malédiction frappe les hommes de génération en génération : chacun d’eux, encore dans la force de l’âge, décède d’une mort violente, et lui-même se prépare à subir le même sort. Fontanelle (2002) est l’histoire de la famille Yoffé, des grands-parents pionniers du narrateur Mikhaël jusqu’aux enfants de ce dernier. Le Pigeon voyageur paraît en 2006 : un jeune colombophile et une demoiselle de Tel-Aviv s’envoient des lettres d’amour par pigeon voyageur. En 2009, Shalev publieMa grand-mère russe et son aspirateur américain, une sorte de supplément autobiographique aux romans précédents, sous forme de livre de souvenirs familiaux où Shalev rend un hommage appuyé à sa grand-mère Tonia. Dans Un fusil, une vache, un arbre et une femme (2013), Méir Shalev évoque les grands thèmes bibliques – amour et trahison, résilience et expiation – depuis la Palestine britannique jusqu’à l’Israël d’aujourd’hui. Son ultime roman Al tessaper le-akhikha (2022), « Ne le dis pas à ton frère », est encore inédit en français. Deux frères, l’un marié et vivant à Tel-Aviv, l’autre célibataire et émigré aux États-Unis, se rencontrent une fois par an en Israël et passent toute une nuit à parler d’eux, de leur existence, de leurs parents. Méir Shalev est aussi un auteur très prolifique pour la jeunesse : il a publié plus de vingt albums illustrés dont les héros sont désormais des classiques de la littérature enfantine – Mikhal et ses fossettes, le chat Kremer et le pou Nehama.

Il a également publié des essais sur la littérature et sur la Bible, en tant qu’ouvrage littéraire : Ma Bible est une autre Bible (1985), Reshit : pe‘amimrishonotba-Tanakh (« Au commencement : les premières fois dans la Bible », 2008), ainsi qu’un essai, Mon jardin sauvage, dans lequel il célèbre son jardin bien-aimé, au cœur de la vallée de Jezreel. Il donne vie à cette parcelle de terre, évoque les couleurs, les parfums et les sons qui la peuplent, au rythme des saisons qui défilent.

Au centre de tous ses romans, Méir Shalev installe une cellule familiale étrange, voire bizarre, aux intrications complexes. Sur cet axe se greffent des récits secondaires qui créent une véritable saga israélienne, laquelle retrace l’histoire d’Israël et en particulier celle du mouvement sioniste. Le style de Shalev relève du réalisme fantastique : des descriptions très précises s’entrelacent[...]

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Écrit par

  • : professeure des Universités en littérature hébraïque moderne et contemporaine

Média

Méir Shalev - crédits : Dan Porges/ Getty Images

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  • ISRAËL

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    Des auteurs plus jeunes ont un regard très lucide et s'en prennent aussi aux mythes. Méir Shalev (1948-2023), dans Que la terre se souvienne, expose avec ironie l'œuvre des pionniers de la deuxième vague d'immigration. Le rêve sioniste, empreint de romantisme, a été trahi par les pionniers eux-mêmes,...