MEKNÈS
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Préfecture de la région de Fès-Meknès, Meknès est la sixième ville la plus importante du Maroc, avec 548 400 habitants en 2024. Elle est située dans la plaine fertile du Saïss, entre les massifs du Rif et du Moyen Atlas.
Le nom de la ville a pour origine celui de la tribu amazighe (ou berbère) des Meknassas qui l’a fondée au xe siècle dans la vallée de l’oued Boufakrane. D’abord envisagée comme une kasbah, une place forte, par les Almoravides au xie siècle en raison de sa situation de carrefour entre l’espace subsaharien et le monde méditerranéen, Meknès est devenue une des quatre villes impériales du Maroc sous le règne de Moulay Ismaïl, qui en fait sa capitale en 1672 et construit la cité au sud de la médina (vieille ville), où se trouve encore le palais royal Dar el-Makhzen. Depuis 1996, la ville historique de Meknès est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Elle est entièrement ceinturée de hauts remparts. Les particularités architecturales et urbaines de Meknès en font un archétype des capitales nord-africaines du xviie siècle. La ville est marquée à la fois par des éléments architecturaux subsahariens comme le pisé (constructions en terre) et par un urbanisme princier alliant influences islamiques et européennes. La ville historique est ainsi dotée d’un riche patrimoine, à l’image de ses nombreuses mosquées – qui valent à Meknès le surnom de « ville aux mille minarets » –, mais aussi des vestiges de fondouks, ces anciens entrepôts pour marchands. Si ce patrimoine fait aujourd’hui l’objet d’une mise en valeur touristique, il a été altéré par la croissance urbaine non planifiée qui a accompagné l’exode rural au xxe siècle, touchant particulièrement la médina et les périphéries de la ville.
L’étalement urbain a affecté une partie de la production agricole en créant une pression sur la ressource foncière. Or, le secteur agricole constitue un élément important de l’économie de la région, dans laquelle il participe à environ 20 % du PIB. La plupart de ces revenus proviennent d’une agriculture de type méditerranéen, reposant sur la culture de l’olivier, de la vigne et des céréales, ainsi que sur l’élevage. Une partie des productions est transformée sur place, comme le montre le développement du secteur agro-industriel dans la périphérie de la ville, autour notamment de récents pôles de compétitivité comme Agropolis. Ce projet s’inscrit dans la série de plans mis en place par l’État marocain dans les années 2000 (Plan Maroc Vert, Plan Émergence) et visant à développer et moderniser la productivité du pays.
La ville s’est par ailleurs spécialisée dans l’industrie automobile, un secteur qui a créé plus de 10 000 emplois dans la région entre 2019 et 2022. Une partie des activités de Meknès reste toutefois centrée sur l’artisanat, en particulier le tissage, la poterie, la damasquinerie (décoration d’objets métalliques) et le travail du bois, à l’image des nombreux moucharabiehs ornant les maisons de la ville.
Aujourd’hui, la majeure partie des services essentiels au fonctionnement de Meknès se trouve dans la ville nouvelle, construite à l’est de la médina sous le protectorat français (1912-1956). Au sud de l’avenue Hassan II, on trouve ainsi les principaux lieux de divertissement de la ville (cafés, restaurants, cinémas, jardins), de nombreux services publics (gares, postes, écoles, hôpitaux, complexes sportifs), mais aussi un vaste complexe militaire (casernes, terrain d’aviation). Enfin, le tourisme représente un secteur en plein essor. La région est notamment célèbre pour le site antique de Volubilis, ancienne capitale de la Maurétanie, situé à une trentaine de kilomètres au nord de Meknès et inscrit au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1997. Longtemps, les périphéries de la ville n’ont été accessibles qu’en taxi mais,[...]
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Écrit par
- Anne-Adélaïde LASCAUX : docteure en géographie, attachée temporaire d'enseignement et de recherche, université Gustave Eiffel, Champs-sur-Marne
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