- 1. Du « fleuve tumultueux » au « fleuve des neuf dragons »
- 2. Une première tentative d'intégration du bassin : le Comité international du Mékong
- 3. Une seconde tentative d'intégration transnationale : la région du Grand Mékong
- 4. Les composantes sectorielles et territoriales de l'intégration durant la première décennie de la région du Grand Mékong (1992-2002)
- 5. Le choix d'une approche intégrée des corridors économiques depuis 2002
- 6. Un rythme d'investissement soutenu malgré les aléas économiques et politiques
- 7. Une nouvelle intégration régionale en réseau
- 8. Le programme d'intégration transnationale le plus dynamique d'Asie orientale
- 9. Bibliographie
MÉKONG
Le Mékong, long de 4 350 kilomètres, est le troisième fleuve d'Asie, derrière le Yangzi qui s'écoule vers la Chine et le Gange vers l'Inde. Tous les trois naissent sur le flanc méridional de l'Himalaya. Le Mékong se distingue des deux autres par un bassin, englobant la partie centrale de la péninsule indochinoise, bien moins densément peuplé (en moyenne 100 hab./km2). Il parcourt plus de 4 200 kilomètres avant d'atteindre la plaine deltaïque où les densités peuvent dépasser 700 habitants par kilomètre carré, se rapprochant de celles des autres grands bassins fluviaux asiatiques. Comme les autres fleuves issus de l'éventail hydrographique yunnanais, le Mékong a été un axe de peuplement mais n'est pas devenu un axe de communication internationale, malgré la tentative coloniale d'établir un service de messagerie fluviale.
Du « fleuve tumultueux » au « fleuve des neuf dragons »
Né à 4 875 mètres d'altitude dans les chaînes neigeuses du Tanggulashan, le Mékong (en chinois Lancangjiang, « fleuve tumultueux ») traverse le grand plateau tibétain où il porte le nom de Dze Chu (l'« eau des rochers »). Il s'encaisse ensuite dans les montagnes du Yunnan. Il a déjà parcouru 1 600 kilomètres et dévalé 4 500 mètres lorsqu'il atteint le « triangle d'or », entre Thaïlande, Myanmar (Birmanie) et Laos (365 m d'altitude) et devient alors un fleuve tropical de montagne. La vallée ne s'élargit qu'à la traversée de bassins comme ceux de Jinghong au Yunnan ou de Luang Prabang au Laos, qui jalonnent le cours supérieur. Gagnant ensuite le géosynclinal reliant le plateau de Korat (l'Isan des Thaïlandais) à la chaîne Annamitique, une série de plaines se succèdent. Celle de Vientiane est placée au centre du plus important bief navigable, sur 900 kilomètres reliant Luang Prabang à Savannakhet. Cette dernière ville commande la plus vaste plaine laotienne, qui s'étend jusqu'à la cordillère Annamitique. Les rapides de Khemarat, infranchissables aux basses eaux, la séparent des plaines du sud du Laos et de la vallée de la Mun, sur la rive thaïlandaise.
Le Mékong est le seul, parmi les fleuves de la péninsule indochinoise nés de l'éventail yunnanais, à avoir son cours inférieur barré par des chutes faisant obstacle à la navigation. Les chutes de Khone, séparant le Laos du Cambodge à 700 kilomètres de son embouchure, sont les plus majestueuses d'Asie, avec un abrupt d'une vingtaine de mètres. Ajoutées aux nombreux rapides situés en amont, elles interdisent d'utiliser le Mékong pour commercer avec la Chine méridionale, comme l'avait espéré la Commission française d'exploration du Mékong (1866-1868), dirigée par Doudart de Lagrée puis Francis Garnier, pour concurrencer les Britanniques qui remontaient l'Irrawaddy en Birmanie.
Le Grand Lac du Cambodge (Tonlé Sap), relié à la plaine des Quatre Bras centrée sur Phnom Penh en tête du delta (l'exutoire du lac, le Mékong amont, le Mékong antérieur et le Mékong postérieur vers l'aval), constitue un système hydrographique original et un réservoir halieutique sans équivalent en Asie. La crue du Mékong s'y emmagasine aux hautes eaux, écrêtant d'autant les inondations dans le delta, puis le Grand Lac les restitue à la décrue, y limitant alors les remontées salines. Dans le delta, un réseau de canaux rectilignes perpendiculaires aux six bras principaux du Mékong, appelé ici Cuu Luong (« fleuve des neuf dragons »), améliore encore l'évacuation de la crue. Il permet la culture du riz flottant dans la partie amont, et une riziculture à double récolte dans la partie centrale. En aval, les remontées salines limitent la culture du riz à la campagne de saison des pluies, et les rizières laissent de plus en plus la place aux[...]
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Écrit par
- Christian TAILLARD : directeur de recherche au C.N.R.S.
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