- 1. Du « fleuve tumultueux » au « fleuve des neuf dragons »
- 2. Une première tentative d'intégration du bassin : le Comité international du Mékong
- 3. Une seconde tentative d'intégration transnationale : la région du Grand Mékong
- 4. Les composantes sectorielles et territoriales de l'intégration durant la première décennie de la région du Grand Mékong (1992-2002)
- 5. Le choix d'une approche intégrée des corridors économiques depuis 2002
- 6. Un rythme d'investissement soutenu malgré les aléas économiques et politiques
- 7. Une nouvelle intégration régionale en réseau
- 8. Le programme d'intégration transnationale le plus dynamique d'Asie orientale
- 9. Bibliographie
MÉKONG
Une première tentative d'intégration du bassin : le Comité international du Mékong
Deux tentatives d'intégration régionale en Asie du Sud-Est continentale se sont succédé dans la seconde moitié du xxe siècle : le Comité international pour l'aménagement du bassin inférieur du Mékong, sous l'égide de la Commission régionale des Nations unies ; la région du Grand Mékong, promue dès 1992 par la Banque asiatique de développement (B.A.D.). Ces deux projets, même s'ils coexistent aujourd'hui, s'inscrivent dans des contextes géopolitiques, des approches de la construction régionale et une instrumentalisation du Mékong très différents.
Dans une première étape, de 1957 à 1968, le Comité international a pu rassembler une information cohérente sur les 607 000 kilomètres carrés du bassin inférieur peuplé de 26 millions d'habitants en 1965 et qui en comptait 65 millions dans les années 1980. Parallèlement, le Comité a entrepris dans chacun des pays un ou plusieurs aménagements, barrages d'affluents pour l'irrigation et la production d'électricité, casiers pour lutter contre les intrusions salines dans le delta, balisage du fleuve et construction de ports fluviaux. L'élan des premières réalisations s'est brisé, après 1968, lorsque le Comité voulut élargir le champ de ses interventions et passer des barrages d'affluents, construits dans des cadres nationaux, à des barrages sur le cours principal, nécessitant des délégations de souveraineté de la part des États. Les trois partenaires de la Thaïlande (le Cambodge, le Laos et le Vietnam) ont refusé de valider le plan d'aménagement du bassin préparé à partir d'études très inégales, de faisabilité pour les uns et de simple reconnaissance pour les autres, financées par les États-Unis, le principal bailleur de fonds.
Le Comité s'engagea progressivement dans deux directions qui devaient lui être funestes. La politique d'intégration régionale révéla une dépendance vis-à-vis de la stratégie américaine et une domination de la Thaïlande, son principal allié. La constitution d'une bureaucratie, supranationale (le secrétariat), et nationale (les comités nationaux), a ensuite affaibli les administrations des pays membres. La victoire communiste en 1975 éclipsa le grand dessin d'aménagement du cours principal, car le fleuve redevint une frontière entre deux systèmes politiques. La refondation de la Commission du Mékong, avec la réintégration du Cambodge en 1995 après l'effondrement des Khmers rouges, fut symbolisée par le déplacement, de Bangkok à Phnom Penh, du secrétariat qui rejoignait ainsi pour la première fois le bassin du Mékong. Prenant acte de l'élan pris par la région du Grand Mékong, la Commission du Mékong adopta une nouvelle stratégie et abandonna progressivement son rôle d'agence d'exécution de projets. Elle se concentre, depuis 2001, sur le suivi et la gestion des ressources hydrauliques : planification, utilisation des eaux et préservation de l'environnement. Depuis 2005, son siège a été transféré à Vientiane.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Christian TAILLARD : directeur de recherche au C.N.R.S.
Classification
Média
Autres références
-
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales
- Écrit par Manuelle FRANCK , Bernard HOURCADE , Georges MUTIN , Philippe PELLETIER et Jean-Luc RACINE
- 24 799 mots
- 10 médias
Ce projet Gange-Mékong se voulait un contrepoids à l'accord de coopération du Grand Mékong, signé en 1992 entre la Chine, pour cette même province du Yunnan, et le Laos, le Cambodge, le Vietnam, la Thaïlande et la Birmanie. Pour l'heure, la coopération économique autour du Grand Mékong progresse,... -
CAMBODGE
- Écrit par Philippe DEVILLERS , Encyclopædia Universalis , Manuelle FRANCK , Christian LECHERVY et Solange THIERRY
- 25 909 mots
- 24 médias
...l'inondation recouvre pour partie les meilleures terres. Le cours du Tonlé Sap, qui récupère habituellement le trop-plein des eaux des lacs et se jette dans le Mékong, s'inverse, bloqué par les hautes eaux du Mékong. Les lacs débordent et transforment le cœur du pays en une véritable mer intérieure de 12 000... -
ÉCONOMIE MONDIALE - 1995 : vers une redistribution des ressources mondiales
- Écrit par Tristan DOELNITZ
- 6 252 mots
Un accord sur l'utilisation des eaux du Mékong a été signé le 5 avril à Chiang Rai, dans le nord de la Thaïlande, par quatre États riverains, la Thaïlande, le Vietnam, le Cambodge et le Laos. Reprenant les objectifs du Comité du Mékong constitué en 1957 par les trois pays de l'Indochine et la Thaïlande,... -
GARNIER FRANCIS (1839-1873)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 842 mots
Officier de marine, administrateur colonial et explorateur français, né le 25 juillet 1839 à Saint-Étienne, mort le 21 décembre 1873 aux portes de Hanoï.
Fils d'un officier militaire, Marie Joseph François Garnier, dit Francis, intègre en 1856 l'École navale de Brest en dépit de l'opposition...
- Afficher les 11 références