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HOFMANN MELCHIOR (1495 env.-1543)

Propagandiste de la foi anabaptiste, Melchior Hofmann appartient à cette génération de prophètes engendrés par la Réforme que leur exégèse personnelle de la Bible et leur enthousiasme rendent suspects à toutes les factions. Bien que résolument pacifistes, lui et ses partisans, appelés melchiorites, eurent à subir la persécution qui est attisée par la haine conjointe de Luther et de Rome, et que généralisera l'échec de la république théocratique de Münster.

Né à Schwäbisch Hall, Hofmann lit la Bible, les œuvres mystiques de Tauler et les écrits de Luther, qu'il défend à Wolmar, jusqu'à son expulsion de la ville en 1523. À Dorpat (Estonie), il prêche contre l'usage des images, suscitant, le 10 janvier 1525, une émeute iconoclaste, au cours de laquelle la foule empêche son arrestation. De Riga, où l'approbation du luthérien Tegetmeier ne lui suffit pas, il gagne Wittemberg, obtient les recommandations de Luther et retourne à Dorpat. Mais son obstination à prophétiser la fin des temps lui vaut l'hostilité des luthériens. Un pamphlet de Tegetmeier l'oblige à quitter la ville. À Stockholm, il se marie et écrit trois livres où il annonce la fin du monde pour 1533. Sa vie, dès lors, n'est plus qu'une longue errance. Exilé par Gustave Vasa, il fuit Lübeck avec femme et enfants, passe à Magdebourg où il est attaqué par Nicolas Amsdorf, un ami de Luther. Accueilli en Holstein, il en est débusqué par les intrigues de Luther. Le duc Christian l'ayant sommé de comparaître, à Flensburg, dans une confrontation publique, il répond à la question de savoir quels sont ses partisans : « Je ne me reconnais aucun adhérent, je me tiens debout et seul dans le Verbe de Dieu ; que chacun fasse de même. » Chassé du Danemark, il se réfugie en Frise, rencontre Carlstadt, lui aussi opposé à Luther, part pour Strasbourg où il publie en 1529 ses Dialogues sur la querelle de Flensburg. Il fréquente Kaspar Schwenckfeld et écrit plusieurs textes prophétiques, dont Auslegung des heimlichen Offenbarungs Joannis des heyligen Apostels und Evangelisten (1530). Hofmann y divise l'histoire de l'Église en trois périodes : des Apôtres au premier pape ; la souveraineté pontificale ; la fin du papisme et la Réforme, où la lettre devient Esprit et où le retour du Christ est annoncé par le martyre de ses témoins.

C'est à cette époque que Hofmann rallie les anabaptistes et demande au Conseil de Strasbourg qu'une église leur soit accordée. Menacé de prison, il part pour la Frise et fonde à Emden une congrégation d'anabaptistes. Luther dénonce les melchiorites, sur lesquels la répression s'abat bientôt. En 1531, Volkertszoon et huit melchiorites sont décapités à La Haye. Hofmann prêche en Hesse et en Frise (1532), où Obbe Philips devient son disciple. Dans son Commentaire sur l'Épître aux Romains, il propose une conception pacifique de l'anabaptisme, refusant tout recours aux armes, persuadé de s'identifier au Christ prêchant dans le désert et d'entreprendre la conquête du monde pour le salut de tous. Un pamphlet où il soutient que les prières doivent s'adresser non au Christ ou au Saint-Esprit mais à Dieu seul n'est pas étranger à son arrestation à Strasbourg et à l'animosité que lui témoigne Bucer. Son emprisonnement fut, du point de vue du maintien de l'ordre, une erreur, car son influence croissante était en passe de contrebalancer les directives de l'aile insurrectionnelle anabaptiste qui, puissante en Hollande, allait monter à la conquête de Münster et causer d'importants tumultes à Amsterdam et à Anvers. Après Münster, où avait péri son disciple Rothmann, les conditions de sa détention s'aggravèrent. Il semble que seul l'espoir d'obtenir sa rétractation, comme s'y employèrent en vain Bucer et Capito, le sauva de l'exécution capitale. Il mourut en 1543, n'ayant rien perdu[...]

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  • ANABAPTISME

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    • 1 404 mots
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