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MÉLÈCE ou MELETIOS PIGAS (1549-1601) patriarche d'Alexandrie (1590-1601)

Né à Héraclion (Crète), cousin de Cyrille Lucaris. Après une première formation reçue à l'école du monastère Sainte-Catherine, Mélèce poursuit des études supérieures à l'université de Padoue ; il y compte parmi ses condisciples Gabriel Sévère. Il est ordonné prêtre par le patriarche Sylvestre d'Alexandrie (entre 1570 et 1590), dont il devient le secrétaire, puis en 1590, le successeur. En fait, il vit le plus souvent à Constantinople, où il est mieux placé pour défendre les intérêts de la communauté grecque d'Égypte auprès de la Porte. De mars 1597 à mars 1598, il dirige le patriarcat œcuménique sede vacante. L'Église orthodoxe de Pologne est à ce moment menacée ; le roi Sigismond lui a arraché, au synode de Brest-Litovsk (1596), le ralliement à Rome. Mélèce dépêche, en qualité d'exarque, aux évêques découragés son cousin Loucaris. L'envoyé est porteur de trois lettres dogmatiques ; chassé de Pologne en 1598, son patriarche l'y renvoie avec un message très noble pour Sigismond sur la liberté pastorale et une lettre qui propose aux théologiens luthériens des entretiens sur les intérêts politiques communs (1599). Mélèce n'est pas moins attaché aux formes traditionnelles qu'au fond de la doctrine. Le tsar Fodor Ier vient d'ériger le siège de Moscou en patriarcat et il revendique pour celui-ci le troisième rang dans la hiérarchie des sièges ; Mélèce, sollicité avec insistance, lui oppose une fin de non-recevoir (1599). En 1601, Mélèce mande à Alexandrie son cousin et lui promet plus ou moins sa succession. Trois jours après l'arrivée de Loucaris, il meurt, et le synode confirme la promesse. Paradoxalement, le champion de l'orthodoxie avait introduit dans la bergerie un pasteur dans lequel les calvinistes reconnaîtraient un des leurs, et bien des orthodoxes un apostat.

Mélèce a laissé de nombreux écrits antilatins qui se caractérisent par leur intransigeance. Mais c'est sa correspondance qui a le moins vieilli. Compte tenu du déchet politique, elle est riche en renseignements sur la vie culturelle et l'histoire politico-religieuse du temps.

— Jean GOUILLARD

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)

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