MELEKEOK
Melekeok est la nouvelle capitale des îles Palaos (ou Palau), inaugurée comme siège du gouvernement fédéral le 7 octobre 2006, en remplacement de l'ancienne capitale, Koror, dans la petite île du même nom. Koror et sa modeste voisine Peleliu abritent pourtant les deux tiers des quelque 20 000 habitants de l'archipel. Mais Palaos est un État fédéral regroupant pas moins de seize micro-États (appelés « municipalités » jusqu'en 1984), dont dix se partagent la « grande » île de Babelthuap (390 km2, 85 p. 100 de la superficie de l'archipel). Aussi le conseil des chefs de ces États, face à la « domination » de Koror, a voulu créer une nouvelle capitale fédérale dans Babelthuap et a choisi comme site le petit État de Melekeok (28 km2, 391 habitants en 2005) sur la côte est de l'île, entre les États de Ngchesar au sud et de Ngiwal au nord. Melekeok abrite le plus grand lac d'eau douce de Micronésie (5 km2) où l'on a installé une réserve naturelle pour la protection de quelques espèces endémiques et un laboratoire d'écologie fonctionnant à l'énergie solaire. Mais le complexe administratif de l'État fédéral a été implanté sur une colline vide dominant la zone littorale où se concentre la population. Il s'agit d'un impressionnant ensemble, un corps principal et deux grandes ailes, avec frontons et colonnades à la façon du Capitole américain, d'où le surnom ironique de « Washington junior ». La construction d'une autoroute de 85 kilomètres de longueur centrée sur Melekeok doit assurer le désenclavement de l'ensemble de l'île. C'est totalement disproportionné par rapport au poids et à la population de Palaos, et certains ont parlé « d'un des plus grands gaspillages de l'histoire du Pacifique ». Mais, rappelons-le, Palaos est riche, grâce notamment aux subventions massives en provenance des États-Unis, mais aussi grâce au soutien de Taïwan, qui a financé notamment la nouvelle capitale à hauteur de 20 millions de dollars. Palaos est en effet un des six petits États du Pacifique insulaire « pro-Taïwan » dans le conflit qui oppose, dans les instances internationales, la Chine nationaliste à la Chine de Pékin (appuyée, elle, par huit petits États). Les surenchères des deux grands États asiatiques se traduisent par des subventions généreuses, des gaspillages et de la corruption.
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Écrit par
- Christian HUETZ DE LEMPS : professeur, directeur de l'UFR de géographie, université de Paris-IV-Sorbonne
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