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MÉLIOÏDOSE

Maladie infectieuse suppurative due au bacille de Whitmore Pseudomonas pseudomallei, rebaptisé Malleomyces pseudomallei, bactérie Gram négative mise en cause dès 1912 en Birmanie, la mélioïdose ou pseudomorve se déclare chez l'homme après une phase d'incubation de durée extrêmement variable ; dans certains cas, plusieurs années s'écoulent entre le contage et l'apparition de manifestations cliniques. Ces dernières revêtent :

– des formes aiguës : le plus souvent mortelles en quelques jours, après l'apparition des signes dénotant la maladie (fièvre, dyspnée, confusion, ataxo-adynamie, collapsus, accompagnés parfois d'éruptions cutanées érythémateuses ou pustuleuses) ;

– des formes subaiguës : les plus fréquentes et les plus typiques du fait de la présence d'abcès viscéraux suppurés, avec prédominance d'atteintes pulmonaires caractérisées par un syndrome de condensation évoluant vers l'excavation ; les adénopathies, qui sont constantes, évoluent elles aussi vers la suppuration ;

– des formes chroniques : mélioïdose localisée, mais dont le siège est sans relation directe avec la voie de contamination (les pneumonies atypiques, les arthrites, les ostéites fistulisées, les abcès musculaires, les collections purulentes du tissu conjonctif) ; l'évolution peut s'étaler sur plus de dix ans ;

– des formes latentes : l'atteinte d'une personne vivant dans un pays réputé indemne de cette infection, des années après un séjour en zone d'endémie (cas des militaires rapatriés du Sud-Est asiatique), traduit la décompensation d'une infection latente chez un porteur asymptomatique à la suite de facteurs déclenchants tels que brûlures étendues, diabète, voire antibiothérapie.

La mélioïdose animale a été diagnostiquée chez une grande variété d'espèces, et notamment chez les mammifères domestiques, où elle revêt une symptomatologie en tous points semblable à celle décrite chez l'homme. Le diagnostic différentiel se pose, dans les formes aiguës, avec toutes les infections fébriles, telles que le paludisme, les rickettsioses, la fièvre typhoïde, la peste, les fièvres éruptives ; dans les formes chroniques, il faut éviter de confondre la mélioïdose et les staphylococcies viscérales. Chez l'animal, outre ces infections, la morve pose un diagnostic différentiel important.

Le diagnostic de certitude exige l'isolement et l'identification de P. pseudomallei, à partir d'hémocultures, de liquides de ponctions d'abcès, de crachats ou d'urine. P. pseudomallei est un bacille Gram négatif, aérobie strict, oxydase-positif, cultivant sur milieux usuels, à métabolisme glucidique oxydatif, mobile grâce à une ciliature polaire (contrairement au bacille de la morve, P. mallei taxonomiquement voisin mais immobile) ; ces caractères peuvent entraîner une confusion avec P. aeruginosa, espèce cosmopolite, fréquemment isolée en pathologie humaine. P. pseudomallei est hautement résistant aux antibiotiques, sauf au chloramphénicol et, à un degré moindre, aux tétracyclines. Les lésions de la maladie naturelle peuvent être produites au laboratoire chez des rongeurs inoculés expérimentalement. Le diagnostic immunologique ne présente qu'un intérêt complémentaire (sérodiagnostic, recherche d'une hypersensibilité de type retardé).

L'épidémiologie de la mélioïdose a longtemps reposé sur le dogme d'un foyer strictement limité au Sud-Est asiatique. Cette notion n'est plus valable depuis la découverte de foyers en Australie, en Iran, en Afrique centrale, voire en France. Le rôle du sol en tant que réservoir naturel de P. pseudomallei, donc en tant que source de la contamination humaine, a été confirmé : rien ne permet d'établir la possibilité d'une contagion interhumaine, alors que les formes épizootiques[...]

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