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MÉLISSUS ou MÉLISSOS (Ve s. av. J.-C.)

Philosophe grec né à Samos, en Ionie. Mélissos commande la flotte saméenne lorsqu'elle l'emporte sur la flotte athénienne en ~ 442. Disciple de Parménide (Diogène Laërce, IX, 24), il s'est attaché comme Zénon, mais sans utiliser sa méthode paradoxale de réfutation, à défendre les thèses éléates contre les partisans d'une pluralité d'étants en mouvement. Dans son traité Sur la nature ou sur l'être, dont Simplicius a fait une paraphrase d'après laquelle on reconstitue une dizaine de fragments, il soutient que « ce » qui est, ou le « tout », est éternel, en vertu du principe que « rien ne peut provenir de rien » (fragment 1, Diels et Krank). De cette infinité temporelle, non seulement présente comme chez Parménide (fr. 8, 5, D.K.), mais aussi passée et future, il déduit l'infinité spatiale, ou « illimitation » (fr. 2, 3, 4), par un raisonnement dont Aristote lui fait grief comme d'une grossière faute de logique (Réfutations sophistiques, 5, 167 b, 13 sq.), aggravée d'une confusion de mots (ibid., 6, 168 b, 35 sq.).

Les autres attributs éléatiques (unité, homogénéité, immutabilité et immobilité) sont ensuite déduits de ce même principe de provenance qui est aussi principe de permanence ; Mélissos dénonce ainsi l'impossibilité de ce « rien » qu'est le vide requis pour le mouvement, et l'absence de « rectitude » des perceptions sensibles, qui font croire en une pluralité changeante. À la sphère éternellement présente de l'être parménidéen Mélissos substitue finalement un « quelque chose » d'incorporel et d'illimité, et cette défense des thèses éléates pourrait — comme le suggère une analyse précise du traité pseudo-aristotélicien Sur Mélissus, Xénophane et Gorgias, qui s'achève sur un exposé du traité De la nature ou du non-être de Gorgias — ouvrir déjà, par ses infidélités à Parménide, une brèche dans l'identité de l'être.

— Barbara CASSIN

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  • ANTIQUITÉ - Naissance de la philosophie

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    ...dialectique ». À ces deux grands représentants de la philosophie dite éléate, qui demeurera l'un des pôles d'attraction de la pensée antique, il faut rattacherMélissos, qui a vécu vers le milieu du ve siècle à Samos : il semble s'être fait de l'Un une conception plus matérielle que Parménide.