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SAINT-GELAIS MELLIN DE (1491-1558)

Fils naturel ou neveu du rhétoriqueur Octavien de Saint-Gelais, évêque d'Angoulême, Mellin de Saint-Gelais fit dans sa jeunesse un voyage en Italie (Bologne, Padoue) et fut un des introducteurs de l'italianisme en France. Ordonné prêtre, il devint aumônier du dauphin et bibliothécaire de François Ier. Poète de circonstance, favori du roi, organisateur des plaisirs de la Cour, Mellin de Saint-Gelais fait longtemps figure de rival de Clément Marot dont il ne possède ni la verve ni la perfection technique. Après avoir tenté vers 1550 de combattre l'influence grandissante de Ronsard, il se réconcilia avec lui, ce qui donna lieu à un échange de dédicaces ; il resta cependant un adversaire de la Pléiade à laquelle il reprochait son goût de l'érudition et sa référence à Pindare ; il fut, à ce titre, vivement pris à partie par Du Bellay. On doit à Saint-Gelais une traduction en prose de la Sophonisbe de Trissin (1478-1550), deuxième tragédie représentée en France et qui fut jouée à Blois en 1554. Dans sa deuxième préface à L'Olive (1550), Du Bellay en fait l'initiateur du sonnet dans les lettres françaises ; on peut rectifier aujourd'hui cette assertion en disant que c'est seulement à la Cour qu'il introduisit cette forme poétique calquée de l'italien, dans laquelle il ne voit d'ailleurs qu'une variante de l'épigramme. L'édition de ses Œuvres en 1547, puis en 1574, provoque une certaine déception, ses succès étant dus en grande partie à ses talents de luthiste et de chanteur. Ses Œuvres comportent surtout des pièces brèves et de peu d'envergure (épigrammes, madrigaux, étrennes, etc.) ; l'élément le plus intéressant de la poésie de Saint-Gelais réside sans doute dans la façon dont il mêle la dévotion et l'imagerie chrétienne à la galanterie. Si son influence sur les lettres fut faible, voire inexistante, Saint-Gelais n'en demeure pas moins le type même de ces poètes-courtisans dont on connaît le rôle dans l'affinement des mœurs de la haute société.

— Catherine TRESSON

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