MELUN
Melun, chef-lieu du département de Seine-et-Marne, est une ville de 41 506 habitants (2012) au cœur d'une agglomération d'environ 125 000 habitants (comprenant seize communes, notamment Dammarie-les-Lys, Le Mée-sur-Seine, Vaux-le-Pénil).
Oppidum celte pris par Labienus, lieutenant de Jules César, en 53 avant J.-C., Melun (Melodunum) est choisie comme résidence par les premiers souverains capétiens, qui apprécient son site, comparable à celui de Paris, de part et d'autre de la Seine, avec une île au milieu où est édifié le château. Melun fut un centre de commerce et d'industrie actif dès le Moyen Âge (nombreux moulins), grâce aux facilités de circulation fluviale sur la Seine, mais également en raison de la richesse agricole de la Brie et du Gâtinais (céréales, brie de Melun). La ville fut également de tout temps un relais de poste important et un pôle commercial à l'échelle d'une grande partie du sud de la région parisienne.
Sur la rive droite, mélangé au noyau médiéval ou en prolongement de celui-ci, se trouve le quartier administratif et commerçant, dans un cadre architectural ancien (église Saint-Aspais, xvie siècle) dominé par le petit habitat collectif. Tout autour s'étend la couronne d'habitat individuel de l'entre-deux-guerres avant d'atteindre, sur les pentes du plateau de Brie, la périphérie nord, domaine des grands ensembles des années 1960-1970. L'île Saint-Étienne, outre le patrimoine ancien (Prieuré-Saint-Sauveur, xie siècle ; église Notre-Dame, xie et xiie siècles) abrite, à l'extrémité orientale, la prison centrale. Quant à la rive gauche, elle est caractérisée par l'habitat individuel.
Dans les communes environnantes, ce mode d'occupation du sol domine. Cependant, au Mée-sur-Seine et à Dammarie-les-Lys, des ensembles d'habitat collectif ont été édifiés et Vaux-le-Pénil, à l'est, accueille la plus vaste zone d'activités économiques de l'agglomération melunaise et l'une des plus importantes de Seine-et-Marne. Melun forme une sorte de binôme urbain avec Fontainebleau, qui n'est située qu'à une quinzaine de kilomètres au sud, et dont la vaste et prestigieuse forêt s'étend jusqu'à l'extrémité sud de l'agglomération melunaise.
Depuis 1983, Melun s'est retirée de la ville nouvelle de Melun-Sénart, créée en 1973, qui s'étend entre elle et la forêt de Sénart, au nord, dont elle a pris depuis le nom. Melun n'a jamais véritablement accepté la présence de la ville nouvelle, même si certaines communes du sud de celle-ci se sont développées en relative harmonie avec les deux entités urbaines. À l'heure actuelle, le Carré Sénart (centre de commerces et de loisirs ouvert en 2002), seul élément de forte centralité de la ville nouvelle (103 321 hab. en 2012), ne menace pas spécialement la suprématie de Melun-centre, qui est remise en cause depuis déjà plusieurs décennies.
En effet, le sud seine-et-marnais, dont Melun est la capitale, peine à concurrencer le nord en voie de métropolisation, autour de l'aéroport de Roissy, de Marne-la-Vallée et de Meaux ; l'ensemble Sénart-Melun-Fontainebleau n'est pas suffisamment puissant et moderne pour damer le pion à ce secteur géographique dynamique et en plein essor. Melun et ses environs ont cependant des atouts économiques, avec l'agro-alimentaire et la fabrication du verre et, à Sénart, le centre d'essais de la S.N.E.C.M.A.-Villaroche (groupe Safran), mais aussi culturels et touristiques (château de Vaux-le-Vicomte, château et forêt de Fontainebleau). Melun possède une université de droit (antenne de Paris II-Panthéon Assas) et l'École des officiers de la gendarmerie nationale y est installée depuis 1945. Les difficultés de Melun ont failli un temps lui coûter la préfecture du département au profit de Meaux, plus peuplée et surtout située[...]
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Écrit par
- Jean STEINBERG : professeur de géographie à l'université Paris-XII
Classification
Médias