MEMBRES
La plupart des animaux dotés d'une symétrie bilatérale possèdent des expansions paires du corps, placées latéralement de chaque côté de la région postcéphalique. Ces expansions, de nombre et de structure très variables, sont fonctionnellement associées à la locomotion. Dans son acception la plus large, le terme de membre pourrait correspondre à toutes ces structures. Ainsi délimité, le sujet comprendrait par exemple l'étude des parapodes des Annélides et des appendices thoraciques des Arthropodes. On le restreindra ici à l'étude des deux paires d'appendices issus de la région troncale des Vertébrés. La paire antérieure est située en arrière de la tête, la paire postérieure au niveau du cloaque. Ces membres sont mobiles, soutenus par des pièces squelettiques articulées, et ils contiennent des muscles striés, des nerfs et des vaisseaux sanguins. Leur étude ne peut être dissociée de celle des ceintures qui les relient au tronc. Le membre antérieur est articulé sur une ceinture scapulaire ou pectorale, le membre postérieur sur une ceinture pelvienne. Les ceintures comportent des éléments osseux, musculaires, etc., intimement associés aux membres d'un point de vue à la fois embryologique et fonctionnel.
L'étude des membres se subdivise tout naturellement en deux parties. On examinera d'abord brièvement leur organisation chez les Vertébrés « primitifs » aquatiques (stade ichthyen) et les problèmes que posent leur origine ; chez les Poissons, les membres du pterygium constituent les nageoires paires. On abordera ensuite l'étude du chiridium, ou membre marcheur des Vertébrés terrestres (Tétrapodes), de son origine et de ses multiples transformations.
L'étude des membres des Vertébrés présente un grand intérêt d'un point de vue évolutif. Elle apporte, en effet, une multitude de faits précis qui illustrent très bien de grands problèmes biologiques tels que l'adaptation organique, l'évolution parallèle ou convergente des structures, les concepts d'analogie et d'homologie. Les membres constituent, d'autre part, un matériel de choix pour les études d'anatomie fonctionnelle (biocinématique, biomécanique, résistance aux contraintes), comme pour celles de biologie fondamentale (embryologie causale, régénération).
Les membres humains sont restés anatomiquement peu spécialisés. Pourtant l'acquisition de la verticalité du corps leur a conféré des fonctions hautement différenciées : la gracilité du membre supérieur reflète sa grande mobilité, assurant la précision et la délicatesse du geste et du toucher, tandis que la robustesse du membre inférieur est liée à son rôle prééminent dans la locomotion. Musculature et innervation complexes, vascularisation délicate, exposition aux traumatismes sont la rançon de ces adaptations.
Anatomie comparée
Le pterygium
Rappel anatomique
La structure du pterygium ichthyen est extrêmement variable. On trouvera aux articles acanthodiens, actinoptérygiens, chondrichthyens, crossoptérygiens, dipneustes et placodermes des détails sur l'anatomie des nageoires paires de ces différents groupes. Il suffira donc de rappeler quelques notions générales sur la structure des nageoires paires et des ceintures.
Chez les Sélaciens (requins), qui sont des Chondrichthyens, le squelette des membres et des ceintures n'est formé que de pièces cartilagineuses qui ne s'ossifient jamais. Les trois à cinq pièces basales de la nageoire s'articulent sur une ceinture pectorale (ou scapulaire) en forme de « U » à branches latéro-dorsales (région scapulaire) ; le segment transversal de l'U est antéro-ventral : c'est la région coracoïdienne. Tous les éléments cartilagineux de la ceinture et du membre appartiennent à l'endosquelette, édifié en profondeur. Chez les Ostéichthyens (Poissons osseux),[...]
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Écrit par
- Claude GILLOT : professeur à la faculté de médecine de Paris
- Armand de RICQLÈS : professeur au Collège de France, chaire de biologie historique et évolutionnisme
Classification
Médias
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