MÉMOIRE
Comment étudier la mémoire ?
Vue à travers le prisme de la psychologie et des neurosciences, la mémoire permet à l’individu de voyager mentalement dans le temps et dans l’espace et d’interagir avec un monde qu’il essaie de comprendre ; elle permet aussi de construire une représentation du passé et de simuler un futur pour imaginer des scénarios, anticiper des décisions… Les scientifiques cherchent à décrire les multiples processus neurocognitifs qui sous-tendent ce fonctionnement de la mémoire, leur mise en place au cours du développement, leurs modifications au cours du vieillissement et leurs altérations dans différentes pathologies. L’imagerie cérébrale, avec des outils de plus en plus diversifiés, permet de préciser les réseaux cérébraux impliqués dans ces processus physiologiques et physiopathologiques. De nombreuses applications sont développées dans le domaine médical (diagnostic, prise en charge de patients souffrant de troubles de la mémoire), mais aussi dans bien d’autres domaines de la société comme l’éducation et les apprentissages, la maîtrise des nouvelles technologies de l’information et de la communication qui ont un impact notable sur le fonctionnement de la mémoire humaine.
Pendant longtemps, l’étude des troubles de la mémoire – les dissociations entre capacités altérées ou préservées – a constitué la source d'inférence principale pour décrire sa structure et son fonctionnement, ce qui a conduit à une vision plurielle de la mémoire avec la notion de systèmes en interaction. Les syndromes amnésiques, qui ont été particulièrement étudiés, se caractérisent par une atteinte massive et isolée de la mémoire en rapport avec des lésions du cerveau. Chez les patients qui souffrent de ces troubles, les autres fonctions mentales comme le langage ou la perception sont globalement préservées. En dépit de difficultés à acquérir volontairement des informations nouvelles, les patients amnésiques sont toutefois capables de certains apprentissages ou témoignent par leur comportement de la rétention d’informations diverses, souvent à leur insu.
Les études d’imagerie cérébrale ont donc aussi joué un rôle important, depuis les années 1990, en précisant les structures cérébrales impliquées dans le fonctionnement des différentes composantes de la mémoire. Tous ces travaux ont renforcé la conception d’une mémoire formée de différents systèmes avec une première distinction entre mémoire à court terme (ou mémoire de travail) et mémoire à long terme.
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Écrit par
- Francis EUSTACHE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, directeur de l'unité 1077 de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, université de Caen Normandie
Classification
Média
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