MÉMOIRE
Des concepts aux modèles
La mémoire donne lieu à de nombreuses théories qui mettent parfois l’accent sur certains aspects de son fonctionnement, sur des processus psychologiques, physiologiques, et sur ses contenus, comme la mémoire autobiographique. Pour certains spécialistes, la mémoire est considérée comme un tout homogène alors que, pour d’autres, certaines composantes sont définies comme des systèmes, du fait de leur relative indépendance, de leurs caractéristiques propres, de leurs processus et règles de fonctionnement, que tentent alors de préciser certains modèles théoriques.
Le modèle MNESIS
Encyclopædia Universalis France
L’un d’entre eux, le modèle MNESIS (pour modèle néostuctural intersystémique), est un modèle intégratif qui associe notamment les conceptions de la mémoire de travail proposées par A. D. Baddeley et celles de la mémoire à long terme élaborées par E. Tulving. Il fait appel à d’autres concepts comme celui de mémoire autobiographique développé par Martin Conway et s’appuie également sur l’apport considérable des travaux de neuro-imagerie. Il est adopté par la communauté scientifique du fait de sa vision étendue et composite de la mémoire et de son utilité pédagogique pour expliciter de nombreuses situations où celle-ci est sollicitée, y compris dans les pathologies.
Dans ce modèle, trois systèmes de représentation à long terme (mémoire perceptive, mémoire sémantique, mémoire épisodique) sont organisés de façon hiérarchique. Les traces mnésiques issues des différentes modalités sensorielles transitent par la mémoire perceptive avant d’accéder au statut de représentations sémantiques et, éventuellement, à celui de souvenirs (dans la mémoire épisodique). Le modèle traduit également le caractère dynamique et reconstructif de la mémoire et son corollaire, les transformations des traces mnésiques et la formation possible de faux souvenirs. D’une part, les trois systèmes de représentation de la mémoire font l’objet d’un processus de sémantisation au fil du temps (mémoire épisodique vers mémoire sémantique), c’est-à-dire qu’ils perdent leur spécificité et leurs caractéristiques contextuelles (l’espace, le temps) pour s’agglomérer avec les connaissances préexistantes de l’individu. D’autre part, les phénomènes de reviviscence, indispensables à la consolidation mnésique, s’actualisent pendant nos pensées et pendant certains stades de sommeil (mémoire épisodique vers la mémoire perceptive). Cette construction permanente est un jeu subtil entre mémoire et oubli, ce qui explique la force et aussi la fragilité de la mémoire. Au centre du modèle MNESIS se trouve la mémoire de travail avec les composantes du modèle de Baddeley. Le buffer épisodique place la mémoire au centre du psychisme ; c’est en quelque sorte le lieu du « libre arbitre » de la mémoire qui permet la gestion du présent psychologique. Ce buffer doit être rapproché de la notion de conscience de soi, qui donne au sujet une impression subjective de soi et qui préside au sentiment d’intégrité et de continuité dans le temps. La mémoire procédurale intègre les supports d’habiletés cognitives, perceptivo-verbales, perceptivo-motrices. Les interactions avec les systèmes de représentation (y compris la mémoire de travail) sont particulièrement importantes lors de la phase d’apprentissage procédural, c’est-à-dire avant que la procédure soit parfaitement automatisée.
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Écrit par
- Francis EUSTACHE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, directeur de l'unité 1077 de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, université de Caen Normandie
Classification
Média
Le modèle MNESIS
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