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MÉMOIRES D'OUTRE-TOMBE, François René de Chateaubriand Fiche de lecture

<it>Chateaubriand</it>, David d'Angers - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Chateaubriand, David d'Angers

Les Mémoires d'outre-tombe sont, comme le signale leur titre et selon la volonté de Chateaubriand (1768-1848), une œuvre posthume, publiée d'abord en feuilleton dans La Presse, à partir du 21 octobre 1848, puis en douze volumes, de 1849 à 1850. Ils sont issus des « Mémoires de ma vie », commencés en 1809, abandonnés dans les années 1820, puis repris et élargis à partir de 1830 environ.

Une méditation sur le XIXe siècle

Si on appelle plutôt « Mémoires » un récit dans lequel l'auteur se présente comme le témoin ou l'acteur d'événements, parfois historiques, dont l'importance excède sa personnalité, et plutôt « confessions » ou « autobiographie » un récit dont l'intérêt réside principalement dans le « moi » de l'écrivain, les Mémoires d'outre-tombe appartiennent aux deux genres. Sur l'Empire, auquel Chateaubriand s'opposa, et sur la monarchie de la Restauration, qui le fit ministre, l'ouvrage offre des documents historiques capitaux. On soupçonne toutefois son auteur de grandir sa stature et son rôle d'opposant à Napoléon, puis son influence auprès des légitimistes avec le retour de la monarchie. Surtout, il est symptomatique qu'aient acquis la plus grande renommée les pages, directement issues des « Mémoires de ma vie », où Chateaubriand évoque son enfance. « J'écris principalement pour rendre compte de moi à moi-même », annonce-t-il en tête de sa première ébauche, projet qui l'inscrit moins dans la lignée des Confessions de Rousseau, qui prétendait témoigner pour les autres, que dans celle qu'illustrera bientôt la Vie de Henry Brulard de Stendhal (1890). À l'autre bout, quand Chateaubriand en vient à évoquer les années postérieures à la révolution de juillet 1830 qui l'a poussé vers la retraite, la perspective s'élargit au-delà même de celle du mémorialiste : elle devient celle d'un penseur qui médite sur son siècle et d'un poète épique qui chante le devenir de l'humanité. « Notre espèce, écrit Chateaubriand, se divise en deux parts inégales : les hommes de la mort et aimés d'elle, troupeau choisi qui renaît ; les hommes de la vie et oubliés d'elle, multitude de néant qui ne renaît plus. » Nul doute qu'il se range parmi les premiers.

Les Mémoires d'outre-tombe se composent de quatre parties. La première évoque les années d'enfance de l'auteur, passées à Combourg, en Bretagne, la figure de son père (gentilhomme sombre et solitaire), celle de sa sœur Lucile (tempérament maladivement mélancolique et sensible), et aussi le « fantôme d'amour », la « sylphide » qui alimente son imagination d'adolescent : « Dix heures sonnaient. À peine retiré dans ma chambre, ouvrant mes fenêtres, fixant mes regards au ciel, je commençais une incantation. Je montais avec ma magicienne sur les nuages : roulé dans ses cheveux et dans ses voiles, j'allais, au gré des tempêtes, agiter la cime des forêts, ébranler le sommet des montagnes, ou tourbillonner sur les mers ». Puis sont racontés le voyage en Amérique (1791), les années d'exil en Angleterre (1793-1800), quelques scènes aussi de la Révolution française. La deuxième partie retrace les premiers succès littéraires (Atala, le Génie du christianisme) et les débuts en politique (Chateaubriand rompra avec Bonaparte après l'exécution du duc d'Enghien, en 1804), la mort de Pauline de Beaumont et celle de Lucile. La troisième partie contient d'abord l'histoire de l'Empereur depuis sa naissance jusqu'à sa mort à Sainte-Hélène, puis la vie de Chateaubriand depuis la première Restauration jusqu'à la révolution de Juillet. C'est le temps des ambassades, notamment à Vérone, puis du ministère des Affaires étrangères, qui lui permet de déclencher la guerre d'Espagne de 1823, avant de faire son adieu[...]

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Écrit par

  • : professeur de littérature française à l'université de Paris III-Sorbonne nouvelle

Classification

Média

<it>Chateaubriand</it>, David d'Angers - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Chateaubriand, David d'Angers

Autres références

  • AUTOBIOGRAPHIE, notion d'

    • Écrit par
    • 1 440 mots

    Auto-bio-graphie : écriture de sa propre vie, écriture par soi de sa vie. Le terme est double : au sens large, est autobiographique toute écriture intime ; au sens étroit, l'autobiographie, distincte des Mémoires, du journal intime ou de l'autoportrait, est un genre parmi d'autres de...