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MÉMOIRES POUR SERVIR À L'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX (ouvrage collectif)

En 1671, l’Académie royale des sciences de Paris fait paraître sans nom d’auteur un imposant volume intitulé Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux. Celui-ci est composé de monographies décrivant chacune une espèce animale, notamment son anatomie interne. Un autre volume, la Suite des Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux, sera publié en 1676. Ces ouvrages, qui feront longtemps autorité dans leur domaine, témoignent d’une nouvelle conception de la méthode scientifique, plus rigoureuse, qui se répand à la fin du xviie siècle, mais aussi de l’intérêt croissant du pouvoir royal pour la recherche scientifique.

Un ouvrage défendant une science fondée sur l’observation collective

Lorsqu’on découvre le premier volume des Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux, on ne peut qu’être frappé par son format hors du commun (environ 55 cm sur 40) et par la magnificence de sa facture – qualité du papier, des planches, de l’ornementation et de la reliure. Il s’agit là sans conteste d’un ouvrage de prestige, pour lequel l’éditeur n’a pas lésiné sur les moyens. Et l’absence de tout nom d’auteur, même en page de titre, intrigue.

Ces particularités formelles traduisent bien le caractère exceptionnel d’un livre qui a marqué une étape historique importante, tant par les détails de son contenu qu’en ce qui concerne la conception générale de la science et de sa place dans la société. Si cet ouvrage est anonyme, c’est parce qu’il se veut le résultat d’un travail collectif. De fait, plus que d’un savant particulier, c’est d’une institution scientifique qu’il émane, à savoir l’Académie des sciences de Paris qui a été fondée en 1666 par Jean-Baptiste Colbert. Cette fondation s’inscrit dans un contexte européen favorable à l’éclosion, un peu partout en Europe occidentale, de sociétés savantes, qui promeuvent une approche nouvelle de la recherche scientifique. La création de la Royal Society de Londres en 1660 participe du même mouvement.

Rejetant les conceptions trop spéculatives, les savants ainsi associés prônent une observation rigoureuse de la nature, aussi dépourvue que possible de préjugés théoriques. Dans cette perspective, le travail en commun permet, selon eux, d’accéder à des données plus fiables et plus objectives, puisqu’elles doivent être validées par un groupe et non par un individu isolé qui pourrait être aveuglé par des idées préconçues. De plus, ces sociétés savantes, plus libres intellectuellement que les institutions scientifiques traditionnelles (les universités notamment), entendent explorer des domaines relativement négligés par ces dernières. Les Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux constituent l’un des exemples les plus représentatifs de cette nouvelle conception du travail scientifique qui fleurit à l’Académie royale des sciences de Paris dans les dernières décennies du xviie siècle.

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Le caméléon et son anatomie interne (1671) - crédits : Courtesy of the Smithsonian Libraries

Le caméléon et son anatomie interne (1671)