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MÉMOIRES POUR SERVIR À L'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX (ouvrage collectif)

Une publication de prestige soutenue par le pouvoir royal

Enfin, les Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux témoignent d’une évolution importante dans la vie scientifique et culturelle de l’époque : l’intérêt croissant des autorités pour l’activité scientifique. Colbert, en créant l’Académie des sciences, entend en tirer des bénéfices pratiques (par exemple des découvertes utiles en matière militaire ou en ingénierie), mais il veut aussi montrer de manière éclatante que l’État est un généreux mécène. Pour réaliser leur ouvrage, les anatomistes académiciens ont joui de très grandes facilités, comme celle de travailler au palais du Louvre, ou d’avoir accès à la Ménagerie royale de Versailles, où vivent des espèces exotiques rarement observées par des savants européens. D’ailleurs, à chaque fois que l’occasion est donnée par la mort d’un animal remarquable, sa dissection fait l’objet d’un véritable spectacle où se presse toute la Cour. C’est également l’État qui a financé la luxueuse publication des Mémoires. Chacun y trouve son compte : les savants se voient donner la possibilité de travailler et de promouvoir leur conception de la science, et le pouvoir royal tire prestige de cette protection qu’il offre au développement du savoir.

Ce volume des Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux remplira parfaitement ces différentes fonctions et il sera suivi d’un second volume en 1676. Composée exactement sur le même principe, cette « suite » traite d’espèces animales différentes (on y trouve notamment un grand nombre d’oiseaux, dont l’autruche et le casoar). Mais la mort de Colbert en 1683, puis de Perrault en 1688 et le relatif désintérêt des autorités, dès lors, à l’égard du grand projet anatomique de l’Académie, mettra fin à cette entreprise. Il n’empêche que ces monographies demeureront des références insurpassées, sur l’anatomie de certaines espèces, jusqu’à la fin du xviiie siècle.

— Stéphane SCHMITT

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Le caméléon et son anatomie interne (1671) - crédits : Courtesy of the Smithsonian Libraries

Le caméléon et son anatomie interne (1671)