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MEMPHIS SLIM (1915-1988)

Dernier héritier d'une lignée qui remonte aux pianistes Pinetop Smith, Big Maceo, Jimmy Yancey, Pete Ammons, Meade Lux Lewis, et aux chanteurs Jimmy Rushing, Lightnin' Hopkins et Joe Turner, Memphis Slim était l'incarnation vivante de la tradition du boogie-woogie et sans nul doute son dernier représentant authentique sur le Vieux Continent.

Peter Chatman naît à Memphis le 3 septembre 1915. C'est dans les années 1920 qu'il apprend le piano. En 1937, il s'établit à Chicago. Ses premiers enregistrements datent de 1940. Il accompagne de 1940 à 1943 Big Bill Broonzy, remplaçant Joshua Altheimer, qui assumait jusque-là cette fonction. Le producteur Lester Melrose, associant sa ville d'origine et sa haute taille (1,90 m), lui forge le pseudonyme sous lequel il connaîtra la célébrité : Memphis Slim. De 1944 à 1945, il dirige son propre groupe, les House Rockers. Il joue ensuite avec les meilleurs bluesmen de Chicago, comme Washboard Sam et Sonny Boy Williamson. En 1959, il se produit à Newport avec Peter Seeger et Joan Baez ; il s'associe alors avec le contrebassiste et compositeur Willie Dixon. Memphis Slim part pour l'Europe en 1961 et se fixe définitivement à Paris en 1962. Il effectue de nombreuses tournées et apparaît très fréquemment dans les festivals européens. Il est surtout la vedette des clubs de jazz parisiens où, jusqu'à sa mort, le 24 février 1988, sa popularité ne subit pas la moindre éclipse.

Toute sa vie, Memphis Slim est resté fidèle au langage du boogie-woogie. Il a développé une esthétique fondée sur un ostinato rythmique à la main gauche que ponctuent les riffs de la main droite. Influencé à l'origine par Little Brother Montgomery puis, plus profondément, par Roosevelt Sykes et le style pratiqué dans le South Side du Chicago des années1940, il élève une voix ample et robuste sur un fond de basses puissantes tandis que le registre aigu de son piano révèle une très mobile invention. Il compose Nobody Loves Me, que Joe Williams et Count Basie diffuseront en 1955 sous le titre de Everyday I Have the Blues. Très irrégulier dans ses enregistrements, Memphis Slim sait se montrer, dans ses meilleurs jours, sincèrement expressif et inventif avec subtilité, dans les limites d'une tradition dont il a préservé l'esprit sans jamais chercher à s'en évader. Avec lui s'est achevé un chapitre important de la préhistoire du jazz.

— Pierre BRETON

Discographie sélective

Memphis Slim/Willie Dixon (1950) / The Real Honky-Tonk (1959-1960) / The Bluesman (1968), dans lequel Memphis Slim joue de l'orgue, accompagné par le guitariste Billy Butler / Going back to Tennessee (1975).

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  • DIXON WILLIE (1915-1992)

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