MÉNANDRE, roi de Bactriane (env. 160-env. 140 av. J.-C.)
L'un des rois indo-grecs les plus connus des auteurs classiques de l'Occident et de l'Inde, Ménandre (en pāli : Milinda) est né dans un village appelé Kalasi, non loin d'Alexandrie du Caucase. Il régna pendant à peu près vingt ans, à partir d'environ ~ 155, sur le territoire qui s'étendait de la vallée de Kaboul à l'ouest jusqu'à la Ravi à l'est, et de la vallée de la Swat au nord à l'Arachosie au sud. Trogue Pompée et Justin le considèrent comme un roi de l'Inde. Plutarque l'appelle roi de Bactriane et Strabon le compte parmi les Grecs de Bactriane « qui conquirent plus de peuples qu'Alexandre ». Il est possible qu'il ait régné sur la Bactriane et qu'il ait apporté son concours au roi séleucide Démétrios II contre les Parthes. Apollodore d'Athènes, cité par Strabon, rapporte que la conquête de l'Inde par les Grecs de Bactriane fut effectuée surtout grâce à Ménandre et que celui-ci s'avança au-delà d'Hypanis jusqu'à l'Imaus ou Isamos (soit l'actuelle Jumna, soit le Son). Le traité grammatical de Pantanjali, le Maha-bhashya, et le drame de Kalidara, Malavikagnimitra, parlent tous deux d'une invasion yavana avortée, au milieu du iie siècle. Il s'agit probablement de Ménandre qui lança quelques expéditions militaires dans le Rajputana et l'Inde centrale et qui avança vers l'est, dans la vallée du Gange, jusqu'à Patna. Il est évident que ces expéditions aventureuses furent sans succès, et la seule inscription concernant Ménandre a été trouvée à Bajaur dans la vallée de la Swat.
Ménandre est connu par l'ouvrage pāli Milindapanha (Les Questions de Milinda) comme le roi Yavana qui fut converti au bouddhisme par Nagasena, après une longue discussion. Il est possible que la roue que l'on trouve sur certaines des pièces de monnaie de Ménandre soit en relation avec le bouddhisme. L'affirmation de Plutarque selon laquelle, après la mort de Ménandre, les reliques de celui-ci furent distribuées en partage entre les différentes villes et que des monuments furent érigés pour les recueillir est une réminiscence de l'histoire du Bouddha. On a retrouvé un grand nombre de pièces de monnaie frappées à l'effigie de Ménandre attestant à la fois la durée de son règne et l'épanouissement du commerce à travers son royaume. Ces pièces sont pour la plupart en argent et en cuivre ; les pièces d'or sont très rares. C'est la divinité Pallas Athénée qui est le plus souvent représentée sur cette monnaie, et Ménandre y est qualifié de sauveur (sôter) et de juste (dikaios). Les pièces dikaios semblent avoir été frappées à la fin du règne de Ménandre, car l'effigie du roi y semble davantage marquée par la vieillesse. Il est possible que l'épithète dikaios, qui est traduite par le mot dharmitra dans La Légende de Kharoshtī, soit en relation avec l'adoption de la foi bouddhiste par Ménandre. Selon la tradition bouddhiste, Ménandre transmit son royaume à son fils et se retira du monde ; d'après Plutarque, il mourut au cours d'une campagne.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Roland BRETON : docteur ès lettres, maître assistant à l'université d'Aix-Marseille
Classification
Autres références
-
BOUDDHISME (Les grandes traditions) - Bouddhisme indien
- Écrit par Jean FILLIOZAT et Pierre-Sylvain FILLIOZAT
- 10 641 mots
- 1 média
...persécutions de la part de rois Śuṅga, et ne s'en développe pas moins sur tout le sous-continent indien. Il trouve en particulier le soutien de rois indo-grecs. Ménandre reste connu comme étranger converti et protagoniste d'un dialogue exemplaire avec le moine Nāgasena, consigné dans un ouvrage pāli de... -
INDE (Le territoire et les hommes) - Histoire
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Christophe JAFFRELOT et Jacques POUCHEPADASS
- 22 936 mots
- 25 médias
...Pañjāb. La succession des souverains a pu être reconstituée à l'aide d'un monnayage orné d'admirables portraits. Elle est dominée par la figure du roi Ménandre (155-130), immortalisé dans la littérature bouddhique par le dialogue philosophique intitulé Milindapañha (« Les Questions de Ménandre »).... -
MILINDA QUESTIONS DE
- Écrit par Jean VARENNE
- 313 mots
On trouve dans la littérature bouddhique en pāli un ouvrage exceptionnel : Les Questions de Milinda (Milinda-pañha) qui se présente comme un dialogue entre le moine bouddhiste Nāgasena et le roi grec de Bactriane Ménandre (en pāli, Milinda). Au début du texte, Siālkot (Sakala), capitale...