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MENCHEVISME

La révolution de 1917

Lors de la révolution de février 1917, les mencheviks, fidèles à leurs anciens principes, refusent de participer au « gouvernement bourgeois issu de la révolution bourgeoise ». En mars-avril, ils étendent de nouveau leur influence en renforçant leur position dans les organisations périphériques, dans les soviets, notamment celui de Petrograd. Ils y forment un bloc majoritaire avec les socialistes révolutionnaires. Les mencheviks contrôlent plusieurs syndicats clés et font adopter la législation sur les comités d'usine qui contribueront paradoxalement à faciliter l'accession des bolcheviks au pouvoir. La configuration du menchevisme s'est encore quelque peu modifiée. Si Plekhanov est toujours à droite avec Zasulič et Alexinskij dans le groupe Edinstvo, ainsi que Potresov avec le journal Den', on retrouve au centre Tsereteli, Dan et Tchkheidze, cependant que les mencheviks internationalistes autour de Martov et le groupe Novaja Žizn animé par Sukhanov se situent à gauche.

Victimes d'une tactique trop souple et trop indécise qu'ils critiqueront eux-mêmes lors de leur congrès, en août 1917, les mencheviks renoncent à l'un de leurs principes essentiels et entrent dans le deuxième gouvernement de coalition (mai 1917). Cette décision, frappée d'anathème par l'Internationale tout entière, « détourna presque totalement l'énergie et l'attention de ses membres les plus capables du combat politique » (L. Haimson). Alors qu'à leurs débuts ils avaient vigoureusement condamné le révisionnisme et son corollaire le ministérialisme, ils accomplissaient, en siégeant au gouvernement, un acte semblable à celui de Millerand participant au cabinet Waldeck-Rousseau. Non contents de cette première expérience, les mencheviks la renouvelèrent en juillet puis en septembre ; ils prenaient diffusément conscience de la nécessité de saisir seuls un pouvoir qui leur était offert par les masses. Mais ils avaient trop tardé ; les secteurs de l'opinion qui leur étaient encore favorables pendant les journées de juillet se lassèrent de cette temporisation et se détachèrent d'eux. Le pourcentage des voix qu'ils recueillirent dans les instances représentatives ne cessa de baisser.

Dans les jours qui suivirent immédiatement la révolution d'Octobre, Martov et Dan tentèrent de négocier avec les bolcheviks. Des pourparlers en vue de la création d'un gouvernement de coalition eurent lieu entre bolcheviks modérés, socialistes révolutionnaires et mencheviks sous la pression du syndicat des cheminots favorable à ces derniers. Ils devaient échouer. Exclus définitivement du pouvoir, les mencheviks se refusèrent néanmoins à faire chorus avec les socialistes révolutionnaires de droite pour condamner le gouvernement soviétique, pensant pouvoir assumer le rôle de « conscience de la révolution » dans les soviets. Mais ils en furent exclus le 4 juin 1918 sur décision du comité exécutif central. Leurs journaux (Novij Luč, Vpered) étant interdits, ils continuèrent à survivre dans une semi-légalité jusqu'à la fin de la guerre civile. Certains d'entre eux – Majskij, Martynov, Čičerin, Trojanovskij, Khinčuk, Vyšinskij – se rallièrent au bolchevisme. Cette adhésion ou ce refus d'opposition systématique étaient motivés par la conviction que la seule éventualité en dehors du bolchevisme était la contre-révolution. Lorsque s'instaura la N.E.P. (Nouvelle Politique économique) en 1921, les mencheviks qui ne s'étaient pas ralliés furent incarcérés puis envoyés en exil.

Toutefois, malgré les hésitations d'« intellectuels » qui ont souvent caractérisé les mencheviks et motivé leurs atermoiements devant la prise du pouvoir, il est une république où ils gouvernèrent de 1918 à février 1921 : la Géorgie. Quand l'Armée rouge entra[...]

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Écrit par

  • : sous-directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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Axelrod - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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