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MENDÉLÉ MOKHER SEFORIM (1835 ou 1837-1917)

Mendélé est le promoteur universellement reconnu de la littérature yiddish moderne. Il se révéla un conteur de taille, à la plume acérée, à la vision pénétrante, sachant trouver le mot juste, l'expression pittoresque et parfois féroce. Le yiddish, dont il utilisait toutes les ressources et qu'il enrichissait par des néologismes devenus classiques, acquit droit de cité. Il l'éleva au niveau d'une langue littéraire, si bien qu'il suscita très vite de nombreux émules. Le plus célèbre d'entre eux est sans conteste Cholem-Aleikhem, qui, par affection pour Mendélé, le salua du titre de « grand-père de la littérature yiddish ».

La « Haskala » en Russie

Originaire de Kopyl, en Biélorussie, Mendélé Mokher Seforim, alias Chalom Jacob Abramovich, vécut en Lituanie puis en Ukraine – il mourut à Odessa. Vers le milieu du xixe siècle, il débuta dans les lettres hébraïques, après une jeunesse à la fois studieuse et aventureuse. La Haskala(l'époque des Lumières) se manifestait alors parmi la population juive de Russie, avec un retard d'un siècle sur le reste de l'Europe. Au pays des tsars, les sujets juifs végétaient, enclos dans des régions bien déterminées, au sud et l'ouest de l'immense empire – taillables et corvéables à merci. Le pouvoir, sous Nicolas Ier, ne leur épargnait aucune charge : impôts écrasants, insécurité physique, service militaire de vingt-cinq années, obligatoire pour tous et allongé de plusieurs années par une grâce particulière pour les Juifs, qui devaient encore supporter certains impôts locaux.

Dans un roman allégorique, Di Kliatché, Mendélé compara plus tard cette malheureuse population à une haridelle (en yiddish : kliatché) qui ne trouvait de consolation nulle part, pas même auprès des Maskilim, ces tenants des Lumières, qui, au lieu de donner à manger à la pauvre bête affamée et pourchassée, l'accablaient de reproches et la gorgeaient de leçons de morale et de bienséance.

Mendélé avait commencé, lui aussi, par prêcher à ladite haridelle la bonne tenue et les belles manières. Il la méprisait comme le faisaient ses congénères, les Maskilim, qui n'avaient d'yeux que pour les « Berlinois » (ainsi qu'on appelait les disciples du philosophe juif allemand Moïse Mendelssohn), devenus de parfaits Européens, parlant la langue du pays et s'habillant à l'allemande.

À l'époque, il était de bon ton, parmi les intellectuels juifs russes (tout au moins chez ceux qui ne s'étaient pas totalement assimilés à la culture slave), de publier uniquement en hébreu. Or, si tous les Juifs savaient lire la Bible dans l'original et le rituel hébraïque – l'analphabétisme étant quasiment inconnu parmi eux –, bien peu connaissaient assez l'hébreu pour assimiler les œuvres profanes publiées dans la langue des Prophètes. L'idiome courant était le yiddish, abhorré par l'intelligentsia juive, considéré par les écrivains comme un vulgaire jargon qu'il importait d'extirper du peuple. Pour y parvenir, et afin de démontrer à ceux qui le parlaient l'ignominie du yiddish, ils se virent forcés d'utiliser cette langue, puisque la majorité du peuple n'en connaissait point d'autre... Ainsi, maints auteurs hébraïques qui, jusqu'alors, en étaient réduits à ne se lire qu'entre eux acquéraient enfin un public avide de lecture.

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  • YIDDISH

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    Mendélé Mokher Seforim (Mendélé le colporteur de livres) fut au début de sa carrière un des porte-parole de la Haskala. Ses œuvres (romans, nouvelles, pièces de théâtre), parues en feuilletons dans les revues hébraïques et yiddish, mettent en scène les milieux les plus divers de la société juive de l'époque...