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MÉNÉLIK II (1844-1913) empereur d'Éthiopie (1889-1913)

Empereur d'Éthiopie (1889-1913), né le 17 août 1844 à Ankober, dans le royaume de Choa (Éthiopie), mort le 12 décembre 1913 à Addis-Abeba.

Ménélik, de son vrai nom Sahlé-Maryam, est le fils d'Haïlé Melekôt, futur roi de Choa, et d'une servante que ce dernier épouse peu après la naissance de leur fils. Ses ancêtres règnent sur la région de Menz, au cœur du royaume de Choa, depuis le xviie siècle, et descendraient des empereurs salomonides qui régnèrent sur l'Éthiopie de 1270 à 1855. Ménélik II ne choisit pas son nom de règne au hasard ; la légende veut en effet que Ménélik Ier soit le fils de Salomon et de la reine de Saba, Makeda.

En 1855, le vigoureux empereur d'Éthiopie, Théodoros II, envahit le royaume de Choa, alors semi-indépendant. Haïlé Melekôt meurt au début des campagnes qui s'ensuivent tandis que Sahlé-Maryam est capturé et emmené dans la forteresse de l'empereur, Magdala, située dans les montagnes de la région d'Amhara. Au cours de sa captivité, qui dure près de dix ans, il observe la manière dont Théodoros œuvre à l'unification et à la modernisation de l'empire ainsi que les méthodes répressives et souvent violentes qui conduiront à son échec et à son suicide.

Sahlé-Maryam parvient à s'échapper de Magdala en 1865 et rentre à Choa, qui depuis son départ n'a cessé de se soulever et de se révolter par intermittence contre Théodoros. Bien qu'il n'ait que 21 ans, il parvient à destituer Bezabeh, que l'empereur avait nommé à la tête du royaume en 1859, et se déclare négus de Choa. Fin diplomate, Sahlé-Maryam fait une très bonne impression aux émissaires étrangers qui visitent sa cour. Avec leur aide, il importe des armes à feu, dont il équipe principalement ses armées et ses garnisons.

À la mort de Théodoros, le 13 avril 1868, Sahlé-Maryam aspire au trône impérial. Mais il n'est pas l'unique prétendant à la Couronne et doit d'abord se soumettre à Takla-Guiorguis II (1868-1872) et Yohannès IV (1872-1889). Avant de mourir en combattant les Soudanais en 1889, Yohannès oblige Sahlé-Maryam à diriger ses ambitions vers le sud et l'est de l'empire. Ce dernier annexe alors les provinces des Aroussi, des Harar, des Jima et des Kaffa ainsi que plusieurs royaumes et États du sud de l'Éthiopie. Lorsque Yohannes meurt, Sahlé-Maryam, devenu le plus puissant chef d'Éthiopie, ceint la couronne impériale qu'il attend depuis si longtemps.

Tandis qu'il s'opposait à l'empereur Yohannès IV et à son fils, Menguecha Seyoum, Sahlé-Maryam s'était rapproché des Italiens, mais il finit par rentrer en conflit avec eux. Ces derniers considèrent en effet que l'article 17 du traité d'Uccialli, conclu en 1889, fait de l'Éthiopie un protectorat italien. Ménélik ne peut accepter une telle interprétation, qui séduit certains Européens, et la dénonce aussitôt. Il préfère ainsi renoncer au traité dans son ensemble dès 1893.

Les Italiens s'étaient déjà implantés sur la côte de la mer Rouge et le gouverneur de l'Érythrée, colonie italienne, se risque, après plusieurs escarmouches, à une confrontation de plus grande envergure. Les Éthiopiens écrasent cependant l'armée italienne au cours de l'une des plus grandes batailles de l'histoire de l'Afrique, la bataille d'Adoua, le 1er mars 1896. L'accord de paix annule le traité d'Uccialli et reconnaît la pleine souveraineté et l'indépendance de l'Éthiopie, mais autorise les Italiens à conserver l'Érythrée. Ménélik poursuit alors ses conquêtes, étendant ainsi l'empire pratiquement jusqu'à ses frontières actuelles.

Les puissances européennes considèrent dès lors l'Éthiopie comme une véritable force politique. Ménélik ayant acquis une réputation internationale[...]

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Écrit par

  • : ancien directeur des études générales à l'université du Bénin, au Nigeria
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

  • ADDIS-ABEBA

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  • ITALIE - Histoire

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    ...par le traité d'Ucciali du 2 mai 1889, d'interprétation douteuse, Crispi se décide, en 1895, à la conquête militaire. Mal préparée, victime de différends entre responsables, l'armée italienne de quelque 20 000 hommes est entièrement défaite par les troupes du négusMenelik, le 2 mars 1896, à Adoua.