MENTHE
Groupe complexe d'espèces, de variétés et d'hybrides, les menthes (famille des labiées) n'ont reçu que très tardivement leur individualité botanique, mais leur parfum les a désignées très tôt à l'attention des hommes : les Égyptiens en cultivaient déjà au ~ xiie siècle. De l'Antiquité à nos jours, elles ont connu toutes les indications des labiées aromatiques ; Mentha piperata L. et Mentha spicata Huds. sont au nombre des médicinales les plus employées actuellement. Les menthes cultivées sont plus riches en essence que les espèces sauvages ; on utilisera de préférence la menthe poivrée (M. piperata), seule officinale actuellement, ou la menthe verte (M. spicata).
L'essence de menthe poivrée (de 1 à 2,3 p. 100 du poids sec) renferme entre 44 et 83 p. 100 de menthol, alcool secondaire cristallisant en aiguilles incolores (« camphre de menthe »), entre 4 et 10 p. 100 de menthone qui en dérive par oxydation, des terpènes, des acides, etc. L'odeur est puissante, caractéristique, la saveur camphrée. L'essence de menthe verte, plus suave, est bien moins riche en menthol, que remplace la carvone, principe actif du carvi (ombellifère), toxique à forte dose. L'essence, par son menthol, stimule les nerfs moteurs et sensitifs mais restreint leurs réactions en cas d'excitation anormale (douleur). Aussi les menthes sont-elles à la fois stimulantes, sédatives et antispasmodiques. Elles activent les fonctions intestinales, les sécrétions et contractions, accroissent la sécrétion biliaire. On leur reconnaît une action aphrodisiaque. L'essence est antiseptique, bactéricide.
L'infusion (de 10 à 20 g/l ; de 15 à 30 g pour les espèces sauvages ; deux ou trois tasses par jour) s'indique dans les états nerveux et dans les troubles gastro-intestinaux : dyspepsies, gastrites (ulcères gastriques selon certains), vomissements, aérophagie, atonie intestinale avec fermentations, coliques douloureuses, intoxications d'origine digestive (action désinfectante). Utile aussi dans la diarrhée, la dysenterie, l'insuffisance hépatique et les coliques hépatiques, la menthe calme les spasmes de l'utérus et de la vessie, la toux spasmodique, la coqueluche, les catarrhes bronchiques. La poudre de feuilles est vermifuge. L'essence sert à aromatiser une foule de produits en liquoristerie, confiserie et pharmacie. Les extraits ont de nombreuses indications externes (névralgies, migraines, syncopes), et les feuilles fraîches broyées peuvent être utilisées en application locale pour leurs vertus résolutives.
La menthe Pouliot (Mentha pulegium L.), bien distinguée par les Anciens, a une essence de composition particulière (pulégone) et, outre des propriétés analogues à celles des autres menthes, une action particulièrement cholagogue et antitussive. C'est un adjuvant du traitement des catarrhes bronchiques et surtout de celui de la coqueluche.
Pour les Grecs, la menthe capiteuse était symbole de jouvence, comme le myrte : aussi longtemps qu'on songe à en cueillir un rameau en passant près d'elle on est un vivant digne de ce nom. Mais l'indifférence à la menthe est signe d'impuissance et de mort.
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Écrit par
- Pierre LIEUTAGHI : écrivain, lauréat de la Société botanique de France
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Autres références
-
LABIÉES
- Écrit par Gérard AYMONIN
- 1 381 mots
- 3 médias
Les Labiées ou Lamiaceae constituent une vaste famille d'angiospermes dicotylédones à fleurs gamopétales irrégulières, qui groupe surtout des plantes herbacées et sous-arbustives réparties dans le monde entier. Elles sont faciles à reconnaître avec leurs tiges quadrangulaires garnies de...