MENUET
Au xviie siècle, d'après S. Brossard, danse populaire poitevine à pas « menus », d'où son nom, et peut-être variété de branle. Citée par Guillaume du Manoir (Mariage de la musique et de la danse) en 1664, elle est alors une danse de cour, puis sera danse de ville et de théâtre (et danse de salon à la fin du xixe siècle). De danse de solo elle devient danse à quatre avec mouvements et pas resserrés animant des figures galantes. Elle est de rythme ternaire sur une carrure de quatre à huit mesures ; chaque groupe de pas correspond à deux mesures : on part sur le pied droit, suivent deux demi-coupés et deux pas marchés sur les pointes. De tempo rapide au début (c'est controversé), le menuet est un 3/4 très modéré, dans l'opéra et l'opéra-ballet français, ainsi que dans la suite instrumentale. Sa vogue fut immense, et tous les compositeurs s'y essayèrent. Le Menuet d'Exaudet, par exemple, connut un succès incroyable. Dans sa forme classique ternaire, à l'intérieur d'une sonate ou d'une symphonie, il comporte l'exposition (thème, reprise, développement, thème, reprise), le trio (même schéma), la réexposition sans la reprise, mais le plus souvent avec coda. On rencontre parfois un second trio (ainsi dans la Sérénade K. 320 de Mozart, dite Posthornserenade, où le cor de postillon éclate, d'autant plus significatif qu'inattendu, dans un second trio que le menuet n'exigeait nullement). Beethoven, surtout dans sa maturité, remplace le plus souvent le menuet par un scherzo ; jusqu'à la fin, pourtant, il lui arrivera d'user du tempo di minuetto (à la française), mais ce qu'il entend par là est moins rapide que le tempo du menuet. Mozart est l'un des plus grands maîtres du menuet ; il en écrivit pour les orchestres à danser des bals viennois (K. 585, 599, 601, 604) ; quelques semaines avant sa mort, il composait le duo Lässt uns mit geschlungnen Händen (K. 623), un menuet grave et majestueux. Contentons-nous de citer les admirables menuets des symphonies en sol mineur (K. 183 et 550) et mi bémol (K. 543). Jusqu'à l'époque contemporaine, cette forme a connu la faveur des compositeurs.
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Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
Classification
Autres références
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COMPOSITION MUSICALE
- Écrit par Michel PHILIPPOT
- 6 846 mots
- 2 médias
...pour le deuxième mouvement ou le final, de la forme thème et variations ou, pour le final, d'une forme apparentée à celle du premier mouvement. Enfin, un quatrième mouvement, facultatif en quelque sorte, le menuet ou le scherzo, va parfois s'interposer entre le mouvement lent et le final.