CELTIQUE MER
Géomorphologie
En dehors des fonds rocheux proches du littoral, où les sédiments discontinus qui occupent les couloirs entre les roches sont surtout faits de cailloux et de sables à Bryozoaires, la répartition des sédiments en mer Celtique est dictée par l'action des deux principaux agents morphologiques : les courants de jusant dans la partie orientale, les houles de nord-ouest dans la partie externe.
Au sud de l'Irlande, où aucun de ces deux agents n'a une vigueur particulière, les dépressions (et en particulier le sud de la fosse des Small's) sont tapissées de vase ou de sable vaseux.
Dans la partie externe du plateau continental, à l'ouest de 70 ouest, les grandes houles de nord-ouest, agissant à peu près seules, ont façonné les sables (surtout leur fraction coquillière, plus mobile) en grands bancs perpendiculaires à la direction des houles (voir carte des sédiments : l'axe des bancs est presque méridien dans la partie sud-est, où les houles d'ouest franc jouent un plus grand rôle). La largeur de ces bancs est souvent de 5 à 10 km, leur longueur d'une soixantaine de kilomètres, et leur crête domine couramment d'une cinquantaine de mètres les plaines sablo-vaseuses qui les séparent. Bien qu'on les considère parfois comme des formes dues à la migration actuelle des sables, le fait qu'ils n'aient pas oblitéré les vallées fluviales pléistocènes implique que leur migration, si elle existe, soit très lente. Par contre, leur forme semble varier un peu : il existe localement, rehaussant la crête, des pyramides de sable analogues aux ghourds des dunes désertiques. Rencontrées occasionnellement par certains sondages, ces petites formes sont localisées avec trop d'imprécision pour qu'on puisse les retrouver et les étudier. Jusque près du rebord, on a signalé ainsi plusieurs cotes inférieures à 50 m. Il semble plausible que ces surélévations soient éphémères, naissant lors de périodes de forte houle pour s'effacer progressivement ensuite. Il se pourrait même que les émersions de bancs sableux, signalées jadis par des marins sous le nom de « vigies de la mer » ne soient pas seulement des hallucinations d'ivrognes...
À l'est de 70 ouest, les courants de jusant sont le seul agent morphologique important, sauf dans la partie externe. Eux aussi façonnent des rides de sable, mais très différentes : ces ridins, perpendiculaires à la direction du jusant, et dissymétriques (le flanc raide à l'aval), dépassent rarement 30 m de commandement, et cinq ou six kilomètres de longueur. Mais ils sont groupés en trains le long des itinéraires préférentiels des courants. Ainsi l'un de ces trains, large d'une trentaine de kilomètres, s'étend du large de Plymouth jusqu'au banc de la Chapelle. (Les ridins du sud-ouest de Sein sont figurés dans l'article accumulations marines.)
Dans la partie de la mer Celtique qui est à la fois externe et orientale, à l'est du banc de la Chapelle, houles de nord-ouest et courants de jusant agissent concurremment. Les trains de ridins se faufilent dans les dépressions entre les grands bancs et atteignent ainsi l'escarpement continental. Ce dernier, dédoublé localement par des terrasses, issues peut-être d'affaissements locaux, est profondément raviné par le passage de ces sables et d'autres sédiments entraînés par les eaux de cascade.
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Écrit par
- Jean-Pierre PINOT : professeur à l'université de Bretagne-Occidentale, Brest
Classification
Médias