Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ARAL MER D'

Partagé par la frontière entre le Kazakhstan au nord et l'Ouzbékistan au sud, la mer d'Aral occupe, au milieu de déserts sableux, une partie basse de la dépression touranienne ou aralo-caspienne ; elle a communiqué avec la mer Caspienne jusqu'à une époque géologique récente (quelques millions d'années [Ma]) par le cours de l'Ouzboï. Depuis les années 1960, la mer d'Aral s'assèche : les eaux de l'Amou-Daria et du Syr-Daria, dont elle est le réceptacle naturel, ont été abondamment utilisées à des fins d'irrigation. Depuis les années 1980, ces deux grands fleuves n'atteignent même plus, durant les mois d'été, la mer intérieure, qui s'évapore inéluctablement. Autrefois, la mer d'Aral, dont la superficie était estimé, dans les années 1950, à près de 68 000 kilomètres carrés, mesurait, dans ses plus grandes dimensions, 428 kilomètres du nord au sud et 284 kilomètres d'est en ouest ; les îles et îlots qui émergeaient de ses eaux peu profondes totalisaient une superficie de 2 345 kilomètres carrés. À la fin des années 1980, la superficie totale de la mer d'Aral était inférieure à 40 000 kilomètres carrés. Son niveau est passé de 53 mètres au dessus du niveau de la mer en 1960 à 52 mètres en 1970, 46 mètres en 1980 et 38 mètres en 1993 et 36 mètres en 2000.

Les taux de sel et de minéraux contenus aujourd'hui dans le lac ont dramatiquement augmenté, rendant l'eau impropre à la consommation. Ils ont également provoqué la disparition de la grande majorité des espèces de poissons, entraînant celle de l'industrie de pêche installée tout autour de la mer d'Aral. Les ports d'Aralsk au nord et de Mouinak au sud se trouvent désormais à plusieurs kilomètres de la rive. La zone a également connu une dépopulation partielle, consécutive aussi à de graves problèmes sanitaires. L'assèchement du lac a enfin rendu le climat local plus rude : les hivers sont plus rigoureux et les températures estivales plus élevées.

Histoire géologique

La géométrie de la mer d'Aral est contrainte par la géologie régionale. Encadré par les reliefs de l'Oural au nord, le plateau d'Oust Ourt à l'ouest, les monts Kopet-Dagh, et les chaînes du Pamir (7 495 m) au sud-est et du Tian Shan (7 440 m) à l'est, où les fleuves Syr-Daria et Amou-Daria prennent respectivement leur source, le bassin touranien abrite en son point le plus bas la mer d'Aral. Au nord, la cuvette est largement ouverte vers la Sibérie, et la limite des bassins hydrographiques, à moins de 200 mètres d'altitude, est très indécise (dépression de Tourgaï). Au sud, la ceinture montagneuse s'abaisse à 2 000 mètres environ entre l'Afghanistan et l'Iran, et c'est par ce passage qu'une partie de la mousson de l'océan Indien peut arroser les monts du Pamir et du Tian Shan.

La topographie de la cuvette touranienne s'abaisse progressivement sur des centaines de kilomètres vers le point central aralien. Mais, régionalement, l'Aral n'est pas le point le plus bas : à l'ouest, le fond de la Caspienne s'abaisse à 1 000 mètres sous le niveau des océans ; d'autres dépressions passent au-dessous du niveau zéro : celle de Karagie (— 132 m) près de la Caspienne, celle de Tourfan (— 154 m) au Sinkiang ; celle de d'Akchakaya (— 82 m) au sud-ouest de l'Aral, etc. Le fond de la mer d'Aral se situe à — 15 mètres. À une plus petite échelle encore, l'histoire de la dépression Aral-Caspienne est ancienne : le vaste océan Téthys séparait un bloc continental arabo-indo-africain (issu du Gondwana), au sud, d'une mosaïque de blocs désunis, qui formeront l'actuelle plaque eurasienne, au nord. À la fin du Mésozoïque et au cours du Cénozoïque – au fil d'une histoire complexe dont on peut dater les différents événements tectoniques de — 15 à — 80 Ma –, la[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Média

Assèchement de la mer d'Aral - crédits : Encyclopædia Universalis France

Assèchement de la mer d'Aral

Autres références

  • AMOU-DARIA

    • Écrit par
    • 1 051 mots

    L'Amou-Daria draine la plus étendue des cuvettes hydrologiques de l'Asie moyenne ex-soviétique ; son bassin d'alimentation proprement dit s'étend en territoire fortement montagneux sur 227 800 kilomètres carrés, ce qui vaut au fleuve de rouler annuellement à son entrée dans la plaine 79 kilomètres...

  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales

    • Écrit par , , , et
    • 24 799 mots
    • 10 médias
    ...Ouzbékistan et au Turkménistan. Ces équipements ont réduit le débit des rivières et fait baisser le niveau des nappes phréatiques et des grands lacs, comme la mer d'Aral qui couvrait 69 500 km2 en 1960 contre 20 000 à la fin des années 2000. La pollution par les engrais (et les essais d'armes chimiques)...
  • KAZAKHSTAN

    • Écrit par , , , et
    • 8 858 mots
    • 5 médias
    ...le désert du Mouyoun-Koum, l'Ili se jette dans le lac Balkhach, tandis que l'Oural coule vers la Caspienne et que le Syr-Daria s'achève dans l'Aral, lac désormais divisé dont le volume a diminué de 80 % depuis 1960, à la suite de l'essor des périmètres irrigués dévolus à la culture du ...
  • OUZBÉKISTAN

    • Écrit par , , , et
    • 7 670 mots
    • 2 médias
    ...soviétique). Mais elle a aussi entraîné une forte croissance de la consommation d'eau qui, contraire aux pratiques oasiennes économes, affecte l'alimentation de l'Aral par le Syr Daria et l'Amou Daria. De ce fait, le lac tend à disparaître : entre 1960 et 2005, la surface de l'Aral s'est réduite de 74 %, de 67 500...