ARAL MER D'
Histoire contemporaine
Située au cœur de l'Asie centrale, dans une région au climat hostile, la « mer » d'Aral inquiète de plus en plus en raison de la diminution considérable de sa superficie et de son volume depuis une cinquantaine d'année. Cette évolution est principalement due au détournement à des fins d'irrigation (principalement pour la culture du coton) des eaux du Syr-Daria et de l'Amou-Daria, qui se jettent dans la mer d'Aral.
La mer d'Aral se trouve sous un climat continental désertique, marqué par une forte amplitude thermique, des hivers froids, des étés chauds et de rares précipitations. La faiblesse des précipitations (en moyenne 100 millimètres par an) ne renouvelle qu'une infime partie des quantités habituellement évaporées, le niveau des eaux reposa surtout sur le débit fluvial. En 1960, la surface de la mer d'Aral s'élevait à 53 mètres au-dessus du niveau de la mer et couvrait une superficie de près de 68 000 kilomètres carrés. Dans ses plus grandes dimensions, le lac mesurait près de 435 kilomètres du nord au sud et 290 kilomètres d'est en ouest. La profondeur moyenne ne dépassait pas 16 mètres, mais la profondeur maximale atteignait 69 mètres au large de la rive ouest.
Au nord, la rive du lac, tantôt élevée, tantôt basse, était découpée par plusieurs larges baies. Peu élevée et irrégulière à l'est, elle était interrompue par le vaste delta du Syr-Daria au nord et bordée par une large étendue d'eau peu profonde au sud. Le delta de l'Amou-Daria, aussi étalé que celui du Syr-Daria, s'étendait sur la rive sud du lac, tandis qu'à l'ouest ce dernier était longé sans interruption par la limite orientale du plateau d'Oust Ourt, qui s'élève à 250 mètres d'altitude.
Depuis 1960 environ, le niveau de la mer d'Aral n'a ainsi cessé de baisser de façon alarmante suite au détournement des eaux fluviatiles. À mesure que le gouvernement soviétique transformait, en Ouzbékistan, au Kazakhstan, au Turkménistan et dans d'autres régions, de vastes hectares de pâturages ou de terres non cultivées en terres arables irriguées par les eaux de l'Amou-Daria et du Syr-Daria, le débit fluvial qui parvenait à la mer d'Aral chutait d'autant. Dans les années 1980, pendant les mois d'été, les deux grandes rivières s'asséchaient pratiquement avant d'atteindre la mer. Celle-ci commença à se rétrécir rapidement par l'évaporation de ses eaux non renouvelées.
À la fin des années 1980, la mer d'Aral avait perdu près des deux tiers de son volume d'eau. Le taux de sel et de minéraux contenus dans le lac avait considérablement augmenté, rendant l'eau impropre à la consommation. Le taux de salinité moyen est passé de 9 p. 1 000 en 1960 à 30 p. 1000 en 2002 (il peut atteindre de 150 à 200 p. 1000 dans les eaux de la partie occidentale de la Grande Aral où la profondeur moyenne est estimée à 7 mètres). Il avait également provoqué la mort des poissons (esturgeons, carpes, barbeaux, gardons...), naguère très abondants. Cette catastrophe écologique entraîna la disparition de l'industrie de pêche installée tout autour de la mer d'Aral. Les ports d'Aralsk au nord et de Mouinak au sud se trouvaient alors à plusieurs kilomètres de la rive. La zone connut également une dépopulation partielle. L'assèchement du lac rendit enfin le climat local plus rude : les hivers étaient plus rigoureux et les températures estivales plus élevées.
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Écrit par
- Yves GAUTIER
: docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection
La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015 - Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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