Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ÉGÉE MER

Les diversités régionales

Île d'Hydra, Grèce - crédits : George Grigoriou/ The Image Bank/ Getty Images

Île d'Hydra, Grèce

L'évolution actuelle unifie les destinées administratives de l'Égée grecque, mais elle en maintient les diversités géographiques. C'est sans doute sur les rivages septentrionaux et centraux que les spécificités sont les moins affirmées et que le monde égéen entretient les solidarités les plus évidentes avec les régions continentales proches. Au large des côtes thraces, Samothrace a été une île d'émigration vers la république fédérale d'Allemagne, comme toute la Grèce du Nord. Thasos, île longtemps verte, est avant tout un lieu de villégiature pour les habitants de Thessalonique, tout comme les sites pittoresques de la Chalcidique, où se mêlent, sur un front maritime pratiquement ininterrompu, résidences secondaires et grands complexes hôteliers pour clientèle fortunée et cosmopolite (Porto Karras, Sami). Mais c'est aux environs de la capitale grecque, de l'Eubée méridionale aux côtes d'Attique et aux îles proches du Saronique (Salamine, Égine) ou des côtes péloponnésiennes (Hydra, Spetsai) que l'influence urbaine est la plus sensible. Routes à circulation rapide, trafic continu de car-ferries, d'hydroglisseurs font de toute la région un prolongement maritime de l'agglomération urbaine athénienne, allongeant les banlieues autour des axes de circulation (corniche du cap Sounion), étendant les zones industrielles dans les plaines littorales (golfe d'Éleusis) et multipliant les zones de loisirs.

Au contraire, l'Égée méridionale et orientale est un monde plus divers, éclaté en guirlandes insulaires, éparpillé en des dizaines d'îles de toutes tailles, qui gardent chacune les traces d'une histoire propre et de particularités locales vivaces. La distinction la plus nette est celle qui sépare les îles de terriens des îles de marins et, parfois à l'intérieur d'une même île, les bourgades agricoles des localités ouvertes sur la mer. Traditions terriennes à Mytilène, où l'olivette couvre tout l'est de l'île, opposant, fait très rare en Grèce, grands propriétaires agrariens et prolétariat agricole et microfundiaire. Mais aussi traditions terriennes des communautés catholiques de Syra ou de Tinos s'adonnant aux cultures de primeurs (concombres) pour le marché athénien et ayant abandonné de longue date aux orthodoxes les préoccupations maritimes ou mercantiles, ou encore villages de l'intérieur à Santorin, cultivant amoureusement sur une terre sans eau vignes et tomates à fruits minuscules, quand les gens de la mer, perchés au-dessus de la caldeira (effondrement volcanique), ont toujours regardé vers des horizons plus lointains. Lorsque les vocations maritimes sont plus affirmées et plus exclusives, que les familles d'armateurs ont créé depuis longtemps des filières d'embarquement sur la marine marchande au long cours, les sociétés insulaires sont souvent plus autonomes et plus fières, plus fermées aussi à l'étranger, assurées de revenus extérieurs importants, souvent réinvestis en appartements à Athènes (Andros, Chios).

Naoussa, Grèce - crédits : Photodisc World Landmarks and Travel V60

Naoussa, Grèce

Ce sont l'inégale pénétration touristique et la diversité de ses formes qui ont introduit dans ces îles égéennes, au-delà des renversements démographiques, de nouvelles différenciations. Tantôt l'exploitation est méthodique et rationnelle : tourisme de luxe, un rien sophistiqué, à Mikonos, chaînes hôtelières et charters pour Scandinaves à Rhodes, bateaux de croisière des grands périples circum-méditerranéens débarquant leurs passagers pour quelques heures à Santorin. Tantôt, et dans les îles les moins peuplées, des groupes étrangers, notamment italiens ou français, ont établi de véritables bases de vacances (Ios). Tantôt, et plus classiquement, s'était développé un tourisme populaire chez l'habitant louant à une clientèle étrangère de jeunes ou de nationaux des chambres avec des formes[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense

Classification

Médias

Grèce : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grèce : carte physique

Église, île de Santorin, Grèce - crédits : Anastasios71/ Shutterstock

Église, île de Santorin, Grèce

Île d'Hydra, Grèce - crédits : George Grigoriou/ The Image Bank/ Getty Images

Île d'Hydra, Grèce

Autres références

  • CHIOS

    • Écrit par
    • 1 117 mots
    • 1 média

    Avec une superficie de 858 km2, Chios (Scio ou Chio, depuis le Moyen Âge), séparée de la côte turque par un détroit de 7 kilomètres, est la cinquième île de la mer Égée. Montagneuse au nord (1 297 m) et vallonnée au sud, elle présente dans sa partie centrale une plaine très fertile (Cambos)...

  • CRÈTE

    • Écrit par
    • 485 mots
    • 1 média

    La plus grande île de Grèce (8 331 km2, 258 km de longueur sur 56 km de largeur), la Crète s'étend d'ouest en est aux confins méridionaux du monde égéen. Les chaînes montagneuses qui couvrent la plus grande partie de l'île (mont Ida 2 456 m, Levka Ori 2 453 m), de direction...

  • CYCLADES

    • Écrit par
    • 468 mots
    • 2 médias

    L'archipel des Cyclades occupe le centre de la mer Égée. Résultat d'une série de fractures et de transgressions marines intervenues à la fin de l'ère tertiaire, les blocs émoussés de marbres et de schistes de ses îles ensoleillées, sèches et dénudées, prolongent les arcs orographiques de l'...

  • DINARIDES

    • Écrit par
    • 5 726 mots
    • 1 média
    – Le bassin de la mer Égée comporte des fleuves de moindre importance comme le Vardar ou Axios, la Vistritsa ou Haliakmon en Macédoine, le Pénée en Thessalie.
  • Afficher les 22 références