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ROUGE MER

Histoire

De l'Antiquité à la période ottomane

Au cours de ces siècles, malgré les obstacles naturels (courants et vents saisonniers souvent violents, côtes inhospitalières), malgré les vicissitudes politiques, la navigation en mer Rouge ne cesse de s'affirmer. Si, dans un premier temps, les marins se limitent aux rivages de cette mer semi-fermée, une fois surmontés les périls de la porte des Lamentations, ils poursuivent, avec plus ou moins d'envergure, leurs périples dans l'océan Indien.

La reine Hatchepsout dans le geste de l'offrande - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

La reine Hatchepsout dans le geste de l'offrande

Hardis précurseurs, les navigateurs de l' Égypte pharaonique reconnaissent par étapes les littoraux de la mer Rouge. Désireux d'atteindre le fabuleux pays de Pount, ils s'aventurent toujours plus au Sud, au-delà du détroit du Bab el-Mandeb. Si le souvenir de ces premières relations longitudinales apparaît dès la fin du IIIe millénaire, le voyage le plus connu se réalise sous la reine Hatchepsout (début du xve s. av. J.-C.) dont les inscriptions du tombeau de Deir el-Bahari évoquent les cinq navires rapportant or et ivoire, épices, aromates, parfums, bois précieux, animaux et oiseaux exotiques...

L'Égypte, si elle veut tirer profit des liaisons maritimes avec les lointaines contrées qui commandent l'entrée méridionale de Bab el-Mandeb, le pays de Pount mais aussi le royaume de Saba, producteur de résines (encens, myrrhe) recherchées pour les rites funéraires, redistributeur de denrées africaines et asiatiques, si elle souhaite mettre en valeur sa position de carrefour entre Méditerranée et mer Rouge, doit entreprendre des travaux pour vaincre les contraintes naturelles. Kosseyr et Bérénice, éloignés de l'isthme de Suez afin de réduire les risques de navigation, offrent leurs rades protectrices aux bateaux revenant du golfe d'Aden et leurs quais où les riches cargaisons, transbordées, gagnent par voie terrestre le Nil et par là la Méditerranée. En outre, ses ingénieurs audacieux lancent un ambitieux programme : relier par un canal les deux mers. Conçu dès le Moyen Empire (2000-1800), réalisé certainement au temps de la XIXe dynastie (1350-1200), le canal se détachait du Nil à Bulaste, pour déboucher dans le grand lac Amer qui n'était alors qu'un golfe. Menacée d'ensablement, dépourvue d'accès à la mer, sous l'effet du colmatage, cette artère doit être draguée et prolongée : l'entreprise du pharaon Néchao (609-594), qui coûta, selon Hérodote, la vie à 120 000 ouvriers, fut reprise par Darius Ier (522-486) puis par Ptolémée II Philadelphe (282-246) qui lui donna sa forme définitive, du Nil à Arsinoé où une écluse retenait les eaux.

Aux marins égyptiens vont se substituer les Phéniciens. Déjà, ces derniers avaient mis leurs connaissances nautiques au service d'un autre État riverain : le royaume de Jérusalem. L'Ancien Testament témoigne du départ d'une flotte du port d'Ezeongeber pour la mystérieuse contrée d'Ophir, proche du pays de Pount (xe s. av. J.-C.). La reine de Saba emprunta-t-elle un de ces navires pour rendre visite au roi Salomon dont, selon la légende, elle eut un fils, créant ainsi des liens entre le nord et le sud de la mer Rouge ?

Les Phéniciens puis les Grecs, lorsque l'Égypte passe, avec les conquêtes d'Alexandre, aux mains des Ptolémées, dépassent la dangereuse porte des Lamentations et gagnent les ports du golfe d'Aden, stockant les riches marchandises de l'Afrique et de l'Asie.

L'échec de l'expédition des 10 000 légionnaires conduits par le préfet Aelius Gallus, pour s'emparer du royaume de Saba (24 av. J.-C.), compromet l'avenir de la mer Rouge. Mais, véritable révolution nautique, la découverte du marin grec Hippale, auteur du Manifeste du périple de la mer d'Érythrée, dévoile le secret des vents de mousson et les moyens de les utiliser, pour se rendre[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités
  • : professeur à l'université de Bretagne-Occidentale, Brest
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Médias

Le golfe d’Aden et la mer Rouge - crédits : NASA

Le golfe d’Aden et la mer Rouge

La reine Hatchepsout dans le geste de l'offrande - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

La reine Hatchepsout dans le geste de l'offrande

Inauguration du canal de Suez, 1869 - crédits : Time Life Pictures/ Mansell/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

Inauguration du canal de Suez, 1869

Autres références

  • ADEN

    • Écrit par
    • 601 mots

    Ville du Yémen, Aden se dresse sur une péninsule située sur la côte nord du golfe homonyme.

    La ville est mentionnée pour la première fois dans l'Ancien Testament (Ézéch., xxvii, 23) sous le nom d'Éden, au côté de Kanné. Les deux villes, avec lesquelles Tyr commerçait, étaient alors les...

  • AFAR DÉPRESSION DE L'

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    • 499 mots
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    Vaste dépression située au sud de la mer Rouge en Érythrée et en Éthiopie et qui se poursuit au Kenya, en Tanzanie et au Mozambique. Ce nom est celui des nomades qui habitent cette région, les Afars, appelés Danakil par les Arabes et les Abyssins. « Danakil » est également employé pour...

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

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    Mais à la limite des domaines arabique et nubien se forme un golfe,une proto-mer Rouge qui coupe en deux le vieux bouclier. La mer miocène qui a couvert la zone méditerranéenne progresse vers le sud, mais elle n'atteindra jamais l'océan Indien par ce chemin, car elle ne peut passer à...
  • AKABA ou AQABA GOLFE D'

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    Bras de mer étroit (de 20 à 30 km) allongé sur 180 kilomètres, séparant l'Arabie de la presqu'île du Sinaï. Par sa structure, le golfe d'Akaba (ou ‘Aqaba) est un fossé d'effondrement profond (1 828 m maximum), prolongeant celui de la mer Rouge en changeant de direction...

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