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OBERON MERLE (1911-1979)

Dans les années 1930, Hollywood recherchait des beautés de type exotique pouvant évoquer, dans de somptueuses superproductions, les fastes et les mystères des îles ou de l'Extrême-Orient. Il faut savoir gré pourtant au producteur Samuel Goldwyn de ne pas avoir cantonné la jeune Merle Oberon, dont le physique illustrait parfaitement cette conception des studios hollywoodiens, dans ces rôles où triomphèrent une Dorothy Lamour ou une Dolores del Rio.

Merle Oberon naquit à Bombay et vécut une partie de son enfance aux Indes, avant d'émigrer en Grande-Bretagne. Elle suivit des cours de danse et d'art dramatique et la filière classique de la figuration. Elle fut remarquée par Alexandre Korda, qui venait de fonder en Grande-Bretagne une société de production, la London Film. Le producteur voulait bâtir en Europe des studios aussi perfectionnés qu'à Hollywood et découvrir des vedettes de dimension internationale. C'est sous cette tutelle artistique que Merle Oberon tourna La Vie privée d'Henri VIII (1933) où elle prit les traits d'Ann Boleyn, et La Vie privée de don Juan, au côté de Douglas Fairbanks Senior. Dès lors, sa carrière se partage entre la Grande-Bretagne, où elle est la partenaire, successivement, de Leslie Howard (The Scarlet Pimpernel) et de Laurence Olivier (Le Divorce de lady X), dans les films produits par Alexandre Korda (dont elle deviendra l'épouse), et les États-Unis, où elle interprétera Ils étaient trois de William Wyler, première version de La Rumeur, d'après une pièce de Lillian Hellman, et Madame et son cow-boy, au côté de Gary Cooper.

On semble la cantonner dans des rôles de jeune fille distinguée, très britannique, quand Samuel Goldwyn la choisit pour interpréter le rôle – aussi convoité que celui de Scarlett O'Hara – de la jeune Cathy des Hauts de Hurlevent. Il est évident que, dans la mémoire du cinéphile, Merle Oberon restera associée à ce rôle. Le film est couvert d'honneurs, et elle forme, aux yeux du public, un couple romantique modèle avec Laurence Olivier. Bien qu'admirablement servie par son physique aigu, Merle Oberon ne trouve pourtant pas dans ce rôle la démesure qui est celle de la création littéraire d'Emily Brontë. Malgré cette réserve, l'actrice donne au personnage une dimension très attachante où priment sincérité et émotion.

Par la suite, elle tourne de nombreux films sans retrouver véritablement un succès égal. On peut citer Lydia de Julien Duvivier, en 1941, remake plus ou moins avoué de Carnet de bal, Jack l'éventreur, dans la mise en scène de John Brahm. Merle Oberon va camper également une très curieuse George Sand dans La Chanson du souvenir de Charles Vidor, en 1945.

On la revoit encore dans Berlin Express de Jacques Tourneur, Vingt-quatre Heures de la vie d'une femme de Victor Saville, et, pendant les années 1950, dans Au fond de mon cœur de Stanley Donen et Désirée, au côté de Marlon Brando.

<it>Moi, Claude</it> - crédits : Fred Morley/ Getty Images

Moi, Claude

Merle Oberon aurait pu faire une carrière aussi solide que celle de Vivien Leigh, dont elle rappelait le type de beauté, mais elle n'a pas bénéficié de la même formation théâtrale. Elle aura illustré le destin de ces comédiennes pour lesquelles l'osmose avec un « trop beau rôle » peut se révéler parfois un sérieux handicap.

— André-Charles COHEN

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