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MÉROÉ

C'est sans doute à la dévastation de Napata, lors du raid égyptien de Psammétique II en ~ 591, qu'il faut attribuer le transfert de la capitale koushite de Napata à Méroé, c'est-à-dire, bien au-delà vers le sud, non loin de la sixième cataracte du Nil. Napata demeura toutefois la capitale religieuse du royaume ; aussi les souverains continuèrent-ils à se faire enterrer dans la nécropole de Nouri jusqu'à la fin du ~ ive siècle.

Méroé - crédits : Valerian Guillot/ Flickr ; CC-BY 2,0

Méroé

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

En ~ 525 se dessine la menace perse ; l'armée de Cambyse ne put franchir la deuxième cataracte du Nil et dut se replier avec de lourdes pertes ; pourtant, les Perses ont compté les habitants de Koush parmi leurs sujets ; faut-il admettre qu'une frange de la Nubie était restée dans leur obédience ?

Le transfert de la capitale à Méroé peut aussi s'expliquer par des raisons climatiques et économiques. Aux ressources de l'élevage s'ajoutaient celles de l'agriculture, fort possible dans cette zone de pluies d'été ; de vastes bassins d'irrigation (hafirs) furent creusés à proximité des grands sites. Le commerce devait être actif ; Méroé constituait un carrefour de choix pour les voies caravanières entre la mer Rouge, l'Érythrée, le haut Nil et le Tchad. Mais surtout, l'abondance relative des arbres et des buissons fournissait le combustible nécessaire au traitement du fer ; des amoncellements de scories attestent à Méroé l'ampleur d'une activité industrielle intense : Méroé a pu être appelée avec quelque exagération la Birmingham de l'Afrique.

Les premières fouilles de la ville antique, qui s'étend en une vaste zone sur la rive est du Nil, près du village moderne de Begarawiya, datent de 1909-1914, et de nombreux secteurs sont restés longtemps inexplorés. Les travaux, qui ont repris sur le site depuis 1965, ont permis de découvrir des fours destinés au traitement du minerai de fer et d'étudier des temples qui fournissent de précieux repères chronologiques, l'histoire de la ville demeurant bien mal connue.

C'est à l'est de la cité que sont situés les principaux monuments et les nécropoles. Le temple d'Amon, dieu dynastique, est construit en brique, entouré d'une enceinte ; son plan ne diffère pas grandement de celui des sanctuaires égyptiens ; son téménos renferme des édifices royaux. Une autre enceinte, accolée à celle du temple, groupe des palais et des thermes. Ce complexe semble remonter au ~ vie siècle, mais l'occupation majeure se situe du ~ iie siècle au ier siècle après J.-C. Des ruines qui s'étendent à environ deux kilomètres à l'est de la ville doivent peut-être s'identifier au temple du Soleil dont parle Hérodote (II, 29) : une rampe conduit à une plate-forme qui supporte le sanctuaire entouré d'un portique à colonnes ; les murs extérieurs de ce podium sont décorés de reliefs représentant des prisonniers, des scènes de victoires et de processions ; l'édifice semble dater du règne d'Aspelta (~ vie siècle), il a été restauré à la fin du ~ ier siècle. Le temple du lion Apedemak, dieu typiquement méroïtique, fut construit au sommet d'un crassier, également à l'est de la ville ; le seul témoignage chronologique est une base de statue au nom du roi Teqerideamani (246-266). Au nord de l'enceinte royale se trouve le temple dit d'Isis. Dans son état le plus récent, il date de la fin du ~ ier siècle. D'autres temples de la cité sont bien mal connus ; au nombre des dernières découvertes se comptent plusieurs sanctuaires qui jalonnent une allée d'honneur menant à l'entrée principale du grand temple d'Amon.

Un peu plus à l'est de la cité se pressent les nécropoles civiles : au nord les plus anciennes, du ~ ier siècle à la fin du iie siècle ; au centre et au sud, des sépultures s'échelonnant[...]

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Écrit par

  • : secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres

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Médias

Méroé - crédits : Valerian Guillot/ Flickr ; CC-BY 2,0

Méroé

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

Stèle du roi Ezana - crédits : Merilyn Thorold,  Bridgeman Images

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