MÉROVINGIENS
Art
Urbanisme, architecture de pierre et décor monumental
Dans le domaine de l'urbanisme, de l'architecture de pierre ou du décor monumental, la période mérovingienne n'a guère innové par rapport à l' Antiquité tardive dont elle apparaît le prolongement direct. Cette situation est aisément explicable. D'une part, la substitution des royaumes barbares à l'Empire romain d'Occident n'apporta que peu de modifications au peuplement indigène qui, demeuré majoritaire, conserva ses modes de vie, notamment en milieu urbain. D'autre part, les nouveaux maîtres ne possédaient pas de traditions nationales propres en ce qui concerne l'urbanisme et l'architecture de pierre : lorsqu'ils furent des bâtisseurs, leur influence se limita donc à une stimulation de ces arts sous la forme qu'ils revêtaient auparavant. On comprend ainsi cette relative uniformité de l'architecture et du décor sculpté mérovingiens dans les limites du Regnum Francorum.
Les villes
La physionomie des villes mérovingiennes devait être peu différente de celle des villes de l'Antiquité tardive dont elles furent les héritières : elles en conservaient le plan, les murailles, la voirie, l'essentiel du patrimoine immobilier public et privé, ainsi que le réseau de nécropoles. S'il n'y a pas eu de réel urbanisme mérovingien, les villes ont néanmoins connu au début du haut Moyen Âge un certain nombre de transformations topographiques de détail, dont les mieux connues furent liées à la multiplication des églises (Paris en fut doté de plus d'une vingtaine entre le vie et le viiie s.). À la différence des sanctuaires extra muros, en général implantés sur des nécropoles, dont ils déterminèrent les centres de gravité, les églises intra muros occasionnèrent lors de leur construction des modifications plus ou moins importantes du tissu urbain : les fouilles de Lyon et de Genève, comme celles de Trèves et de Cologne, ont ainsi montré l'ampleur exceptionnelle des ensembles monumentaux que furent les « groupes épiscopaux », avec leurs églises multiples (dont souvent une cathédrale « double »), leur baptistère, ainsi que la résidence de l'évêque.
L'architecture religieuse
Nos connaissances sur l' architecture civile de pierre à l'époque mérovingienne, qui a dû essentiellement se limiter aux villes, sont des plus minces, et il semble que dans la plupart des cas, qu'il s'agisse des résidences royales ou princières, des demeures patriciennes ou des immeubles populaires, on se soit borné à aménager les constructions de la fin de l'Antiquité.
L'architecture religieuse nous est en revanche beaucoup mieux connue, soit que les monuments existent encore, en totalité ou en partie, ce qui est fort rare, soit que les sanctuaires postérieurs aient en quelque sorte « fossilisé » les vestiges des édifices primitifs : les fouilles nous en livrent alors les plans au niveau des fondations, les élévations et le décor étant reconstitués grâce aux fragments architecturaux retrouvés, par comparaison avec les quelques monuments conservés, ainsi que sur la base des rares descriptions contemporaines. À côté des plans cruciformes (Saint-Germain-des-Prés, à Paris ; Saint-Laurent de Grenoble) ou ovales (Saint-Géréon de Cologne), le plan basilical, issu de l'architecture civile antique, paraît avoir été le plus répandu, aussi bien pour les cathédrales (Trèves, Lyon, Genève) que pour les basiliques funéraires (par exemple Saint-Laurent-de-Choulans et Saint-Just, à Lyon). L'église Saint-Pierre de Vienne, en Dauphiné, malgré ses transformations, est pour la Gaule le meilleur exemple de ce que pouvaient être ces innombrables basiliques urbaines et suburbaines de tradition antique. Édifié à la fin du ve siècle, ce monument est caractérisé notamment par[...]
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Écrit par
- Alain ERLANDE-BRANDENBURG : conservateur général honoraire du Patrimoine
- Patrick PÉRIN : directeur du musée des Antiquités nationales, Saint-Germain-en-Laye
Classification
Médias
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