MESETA CENTRALE, Mexique
Au centre du pays entre les 22e et 19e degrés de latitude nord, la Meseta centrale du Mexique s'étend de l'escarpement de la sierra Madre occidentale à celui de la sierra Madre orientale. C'est un ensemble de bassins et de collines élevés surtout au sud et à l'est (2 200-2 600 m), plus bas vers l'ouest (1 600-1 200 m) et vers le nord où l'on passe progressivement aux steppes sèches du Nord mexicain. La bordure méridionale est formée par le bourrelet montagneux de l'axe néo-volcanique, jalonné par de grands édifices, surtout à l'est (Orizaba, 5 700 m ; Popocatepetl, 5 450 m), mais plus rarement à l'ouest (Nevado de Colima, 4 330 m). Ce volcanisme récent a accumulé sur la face sud des piémonts, entre 1 000 et 1 500 mètres, facilement irrigables dans le Puebla et le Morelos, plus bas dans le Michoacán (bassin du Tepalcatepec) ou le Colima. Au nord du bourrelet, la désorganisation du réseau hydrographique se marque par des bassins endoréiques (à l'est, bassins d'Oriental, d'Apan et surtout de Mexico), des marécages (sources du Lerma dans le bassin de Toluca) ou des lacs (Cuitzeo, Pátzcuaro) ; le drainage est, cependant, assuré par des têtes du Panuco vers le golfe et surtout par le Lerma-Santiago vers le Pacifique. L'altitude assure des hivers frais et des étés tièdes, tandis que les contrastes du relief donnent, en saison estivale, une pluviosité abondante sur les montagnes (forêts de pins et chênes), médiocre dans les bassins (steppes et cactées).
Ces milieux d'altitude au climat sain rassemblent, depuis l'époque précoloniale, des populations paysannes denses surtout dans la portion orientale (bassin de Toluca et plus encore bassins de Puebla et de Mexico) : c'est ce domaine qui porte traditionnellement le nom d'Anáhuac. Hors de l'empire aztèque, les densités sont déjà plus faibles dans les montagnes de population tarasque (Michoacán). Plus à l'ouest et au nord du río Lerma, la population ne s'est sédentarisée qu'à l'époque coloniale en refoulant les tribus chichimèques, en particulier dans le Bajío.
L'agriculture traditionnelle indigène est fondée sur le maïs et le haricot, auxquels s'ajoute, à l'est surtout, une agave (maguey) dont la sève fermentée donne une boisson comparable au cidre (pulque).
L'est de la Meseta centrale connaît les problèmes ruraux les plus graves : les villageois de tradition indigène, qu'ils soient propriétaires directs ou membres d'ejido (biens communaux), ne possèdent le plus souvent que de petites parcelles de minifundio. Les cultures modernes sont peu abondantes et restent surtout aux mains de moyens agriculteurs : légumes et surtout luzernes irriguées pour un élevage laitier destiné à la capitale. En outre, l’ouverture de la frontière, conséquence de l'entrée en vigueur du Traité de libre-échange nord-américain (janvier 1994) fait subir aux paysans mexicains la concurrence des produits californiens et du sud des États-Unis. Faute d'un développement de villes moyennes ou grandes, sauf Puebla et les satellites de Mexico, l'émigration rurale se dirige presque exclusivement vers la capitale.
L'ouest connaît un moindre surpeuplement : ejidatarios et propriétaires de ranchos cultivent principalement pour la vente (maïs, légumes et fourrages) et ont un élevage plus important (bovins, mais aussi porcs). Le développement urbain est plus équilibré : outre Guadalajara et León, des capitales agricoles comme Celaya et Irapuato ou des villes industrielles (Salamanca). Si l'émigration vers Mexico est notable, le mouvement vers les États-Unis est essentiel, qu'il s'agisse de braceros ou d'émigration de longue durée.
La Meseta centrale est une unité grâce à ses traditions indigènes parfaitement intégrées à la nation, grâce[...]
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Écrit par
- Claude BATAILLON : géographe, directeur de recherche au C.N.R.S.
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Média