MÉSOGÉE
La Mésogée proprement dite
Au début du Mésozoïque, la position de la Téthys par rapport à l'emplacement des pôles a été progressivement modifiée par les dérives continentales et par les mouvements calédoniens et varisques du Paléozoïque supérieur. La Téthys est devenue une mer chaude subéquatoriale, dans les bordures de laquelle les chaînes alpines sont en gestation.
Les dépôts calcaires la caractérisent dès la base du Trias XXIX, après la phase d'émersion maximale du Permo-Trias XXVIII. C'est alors le Trias alpin avec ses vastes biohermes algaires et les énormes masses de dolomie qui se sont déposées sur l'emplacement des futures Dolomites. Ce faciès se prolonge en Afrique du Nord jusqu'au Lias moyen. Au Dogger, les récifs coralliens se développent sur la bordure et autour des îles de cette zone mésogéenne. Puis, les climats s'altérant, ils se restreignent de plus en plus à ses parties centrales les plus chaudes.
Depuis le Permo-Trias, la dislocation du Gondwana a débuté par une fissuration à l'est de l'Afrique, et ce sont les eaux de la Mésogée avec leur peuplement, récifal ou non, qui se sont engouffrées dans les golfes et les détroits ainsi formés : canal de Mozambique et golfe de Tuwayk devenant chenal transérythréen à partir du Dogger. Au Jurassique supérieur, le Tithonique coralligène est proprement mésogéen.
Au Crétacé, la Mésogée devient telle que H. Douvillé l'a initialement conçue : mer chaude, jalonnée par des Rudistes, des Coraux, des Foraminifères (Orbitolines, puis Orbitolites) ; certains genres d'Ammonites et d'Échinodermes lui sont également particuliers, car l'ouverture de l'océan Atlantique au Cénomanien n'a pas encore altéré les communications avec l'Amérique centrale.
La Mésogée a persisté dans son intégralité pendant l'Éocène et l'Oligocène, où elle est la mer à Nummulites, à Orbitolites et à Orbitoïdidés, qui fit de notables incursions vers le nord (bassin de Paris). Puis, dès la fin du Miocène, elle s'est trouvée restreinte par le refroidissement général de la planète à la zone intertropicale actuelle, et tronçonnée par le jeu de plusieurs facteurs : l'accentuation de la dérive continentale, amenant, depuis la fin du Paléozoïque, à des collisions de « plaques » entre le Gondwana poussé vers le Nord et la Laurasie, élargissant l'Atlantique et privant ainsi les faunes littorales de la plupart des connexions entre l'Amérique centrale et l'Eurafrique ; la formation progressive de l'océan Indien et la suppression consécutive des liaisons marines du Moyen-Orient ; l'affrontement d'éléments gondwaniens (Inde péninsulaire, zone orogénique des Dinarides provenant du nord de l'Afrique) avec le sud de la Laurasie ; la surrection de la chaîne alpine, isolant, au Mio-Pliocène, une « Paratéthys » de bassins distincts qui ont tendu à perdre leur caractère marin, puis à disparaître, principalement le bassin Pannonique (Hongrie), le bassin Pontique (mer Noire), le bassin Aralocaspien ; enfin l'ouverture, au cours des onze derniers millions d'années, de la mer Rouge et de la Méditerranée.
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Écrit par
- Geneviève TERMIER : maître de recherche au C.N.R.S.
- Henri TERMIER : professeur honoraire à la faculté des sciences de Paris
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