Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MÉSOGÉE

Les orogènes téthysiens et les mouvements alpins

La Téthys, séparant la Laurasie et le Gondwana, s'est trouvée, dès le début des temps géologiques, bordée par les sillons attachés respectivement à ces deux arrière-pays. Entre ces sillons, il est probable que des noyaux provenant de terres précambriennes ont continué d'exister, généralement sous la forme d'îles, pendant la majeure partie du Paléozoïque : massif hespérique, massif baléaro-corso-sarde, massif du Rhodope, etc. Ce sont des massifs « intermédiaires » ayant souvent pris, en se soulevant lors des grandes phases orogéniques, la forme de vastes bombements allongés. Pendant le Paléozoïque, le sillon varisque et son prolongement vers le sud de l'Asie jusqu'en Chine, a occupé le nord de la Téthys, tandis que le sud de cette dernière l'était par l'orogène moghrabin du Maroc et par la mer baignant les Balkans et une partie de la Turquie (Taurides), de l'Iran (Zagros) et de l'Himālaya (Hindou Kouch).

Pendant le Mésozoïque, une partie des régions plissées par l'orogenèse varisque ainsi que les massifs anciens naguère associés au nord du Gondwana (massifs qui seront appelés Tyrrhénien, Dinarique, Adriatique) seront progressivement accolés aux boucliers qu'ils frangeaient initialement, tels le sud de la Laurasie (le sillon alpin en ce qui concerne l'Europe) et aux dépens du nord du Gondwana (le sillon rifo-kabyle en ce qui concerne l'Afrique du Nord). Ces sillons, prolongés encore jusque dans le Sud-Est asiatique, furent le creuset des chaînes alpines.

Des phénomènes volcaniques souvent de type océanique (le grand développement des ophiolites qui forment aujourd'hui une longue zone depuis le territoire de l'ancienne Yougoslavie et l'Albanie, jusqu'en Turquie, au Proche-Orient et au-delà) accompagnaient leur évolution. Des systèmes de courants se sont superposés, pendant le Jurassique et le début du Crétacé, au climat intertropical qui était alors celui de la Mésogée. Si bien que, mis à part les organismes récifaux de mer chaude cités comme caractéristiques de cette unité paléogéographique, les zones profondes (« alpines » au sens large) présentent une faune particulière mais sans caractères de faune chaude. De cette faune, citons des Spongiaires bathyaux, des Brachiopodes spéciaux, les Pygopes, que l'on désigne comme « térébratules trouées » ; les Oursins Collyritidés, les Ammonites Phyllocératidés et Lytocératidés. On y connaît aussi au Trias supérieur (Norien) et au Crétacé moyen (limite Vraconnien-Cénomanien) des organismes de haute mer, flottant en roulant, les hydroïdes sphériques (Heterastridium, Parkeria).

Les sédiments sont également singuliers : ce sont des calcaires à grain fin, de type pélagique, souvent rougis par les apports de fer venant des continents, et riches en accidents silicieux contenant fréquemment des radiolaires.

— Geneviève TERMIER

— Henri TERMIER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par
    • 18 789 mots
    • 22 médias
    ...l'Eurasia (bouclier baltique et bouclier sibérien, sans doute encore séparés). Cette mer, dont la Méditerranée est la fille, a reçu les noms de Téthys ou de Mésogée. Elle va évoluer tout au long des temps paléozoïques pour se refermer lors de l'orogenèse calédono-hercynienne. Celle-ci aura pour résultat...
  • ASIE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par , et
    • 7 933 mots
    ...Séparant les cratons mongol et angarien s'allongeait du lac d'Aral à l'Amour le bassin tartare ouest-sud-ouest - est-nord-est. Plus au sud, un bras de mer mésogéen isole le bouclier mongol de l'Inde et d'une terre occupant l'Insulinde et le sud-est de la Chine (Aequinoctia). Au Cambrien moyen, le bassin tartare...
  • CÉNOMANIENNE TRANSGRESSION

    • Écrit par et
    • 1 986 mots
    • 5 médias
    ...transgression débute, dans les bassins sédimentaires, au Crétacé inférieur ; elle forme des chenaux étroits dans la zone nord-pyrénéenne et le bassin de Paris. C'est la Mésogée qui s'avance de l'emplacement actuel des Alpes vers le nord-ouest. Dès l'Albien, la mer a envahi tout le nord de la...
  • MANGROVES

    • Écrit par , , et
    • 3 129 mots
    • 2 médias
    ...que le gradient de salinité va de la mer normale à l'eau douce, que la température n'est pas seulement tropico-équatoriale, mais atteint la zone tempérée. Ces jalons étant posés, disons que des mangroves ont certainement bordé une grande partie descôtes mésogéennes dès le Crétacé (Aubréville).