MÉSOLITHIQUE
L'équipement des Mésolithiques
Les habitations mésolithiques, très légères, ont laissé peu de traces ; elles sont de forme rectangulaire ou ovale et leur surface est comprise entre 10 et 25 mètres carrés ; elles comportent rarement des trous de poteaux (Muge, Portugal) et exceptionnellement des plates-formes de planches et d'écorces de bouleau (Duvensee, Allemagne) ; le foyer, souvent diffus, est parfois bordé de dalles (Téviec), ou empli de pierres destinées à la cuisson indirecte des aliments.
Une des caractéristiques des industries lithiques du Mésolithique est la présence d'armatures pointues, en général de petites dimensions, qualifiées pour cette raison de « microlithiques ». Parfois minuscules (moins de 1 cm de grand axe), souvent de formes géométriques (segment de cercle, triangle, trapèze), ces objets armaient la pointe des flèches, où étaient fixés sur leur hampe en guise de barbelures. Leur multiplication au Mésolithique semble consacrer l' arc comme principale arme de chasse, probablement au détriment du propulseur, qui semble avoir été l'engin le plus couramment employé au Paléolithique final. Les arcs et flèches en bois de pin, les plus anciens conservés en milieu humide, sont datés du Dryas III (vers – 8000) ; ils ont été découverts dans l'Ahrensbourgien de Stellmoor, près de Hambourg en Allemagne. Les flèches de Loshult (Suède ; vers – 7300), également en pin, portent encore, fixées par de la résine, des armatures microlithiques, géométriques ou non ; d'autres flèches du Mésolithique scandinave (Vinkel, Holmegaard) sont creusées de rainures destinées à recevoir ces armatures. Le Mésolithique des rives de la Baltique et du nord-est de l'Europe a fourni des arcs de types divers : ils appartiennent à la culture Kunda, dans le gisement russe de Vis I, dans la région du lac Sindor (entre – 7000 et – 5000) où ont été découverts des arcs en résineux à courbure unique (2,50 m de haut) et à trois courbures, de forme réflexe (2,10 m) ; dans le Maglemosien d'Holmegaard (Danemark ; vers – 6500), ils sont en orme, de forme simple à poignée dégagée, hauts de 1,50 m ; dans la culture d' Ertebølle du Danemark, ils ont la même dimension et sont en frêne à Brabrand (3500 avant notre ère) et en orme de Tybrind Vig (île de Funen ; – 4500/– 3300). Des objets arqués en bois, plus petits, découverts à Vis I, ont été interprétés comme des archets destinés à animer d'un mouvement alternatif, grâce à une courroie, un bâton à feu ou un porte-foret.
Au Mésolithique, les techniques de débitage du silex varient beaucoup dans l'espace et dans le temps ; les cultures du cercle nord-oriental conservent, au cours de leur évolution, une production de lames très régulières. Les cultures du Maglemosien scandinave (– 7500/– 5600) produisent un débitage de petites lames, irrégulières dans les stades initiaux, devenant plus minces dans les stades finals ; dans les cultures de Kongemose et d'Ertebølle qui lui font suite, les lames sont grandes et régulières. En Grande-Bretagne, le Mésolithique ancien est désigné par la morphologie de son débitage, ou Broad Blade Industry, aux lames relativement larges (8/12 mm) ; la Narrow Blade Industry qui lui succède, vers – 6800, est caractérisée par des lamelles et perdure jusqu'au IIIe millénaire en Écosse. En France, au Mésolithique ancien, les techniques de débitage sont très diverses selon les régions. Dans le Sud-Ouest, vers – 9000, elles peuvent être encore très proches de celles du Magdalénien et produire des lames grandes et régulières, alors que dans les Pyrénées les Aziliens écrasent le silex plus qu'ils ne le taillent ; dans le Sud-Est, le débitage irrégulier des Montadiens, produisant en majorité des éclats, a été qualifié naguère de « moustéroïde ». Les cultures[...]
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Écrit par
- Michel ORLIAC : chercheur au C.N.R.S.
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