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MÉSOLITHIQUE

La chasse au Mésolithique

Les artistes du Paléolithique final, vaillants chasseurs de gros gibier, ont souvent été opposés à leurs successeurs mésolithiques, peu soucieux d'esthétique, mangeurs de lapins et d'escargots. En réalité, dans une grande partie de l'Europe, on assiste au remplacement du renne, qui constituait un gibier abondant, mais relativement léger, par de gros animaux comme le cheval, l'aurochs, l'élan et surtout le cerf. L'abri de Duruthy (Pyrénées-Atlantiques), daté du Dryas II (vers 10000 av. J.-C.), donne un exemple de cette substitution ; le renne y domine à la base de la couche azilienne, où il représente 47 p. 100 de la faune alors que le cerf ne compte que pour 26 p. 100 ; dans la partie supérieure de la couche, la proportion s'inverse (cerf 60 p. 100, renne 13 p. 100) et s'y ajoutent le bœuf, le cheval, le sanglier, le chevreuil et le bouquetin.

Nombreux sont les gisements mésolithiques où se sont accumulés les restes des petits animaux consommés : poissons, lapins, mollusques ; cependant, ces petites proies sont toujours associées à la grande faune, qui constituait la part la plus importante de l'alimentation. Les Mésolithiques, et particulièrement ceux de la fin de cette période, manifestent un opportunisme beaucoup plus marqué que leurs ancêtres du Paléolithique supérieur ; l'augmentation du nombre d'espèces animales chassées exprime une exploitation plus intensive des biotopes, qui s'étend également, semble-t-il, aux ressources végétales.

Dans le midi de la France, au Valorguien, daté du Xe au IXe millénaire, dans le Gard et les Bouches-du-Rhône, le gibier le plus abondant est le lapin ; mais il y a également de grands bovidés, des cerfs, de petits chevaux, des sangliers et des lynx. Il en est de même dans le Montadien ancien de l'abri Cornille (Istres) et dans le Castelnovien de Châteauneuf-lès-Martigues (Bouches-du-Rhône) ; dans cet abri, la domestication du chien ne semble pas faire de doute ; le mouton n'y apparaît qu'au Néolithique ancien.

Dans les Pyrénées françaises, les couches aziliennes de l'abri de Rhodes II (Arignac, Ariège), situé à 1 520 mètres d'altitude, datées de – 10300, contiennent une faune forestière et montagnarde : bouquetin, cerf,  

sanglier, chevreuil ; le cerf est remplacé par le sanglier dans les niveaux les plus récents. À la Tourasse (Saint-Martory, Haute-Garonne), le gibier varie peu au cours du Mésolithique, entre l'Azilien de l'Alleröd (– 9500) et un Mésolithique récent des environs de – 5000 : principalement le cerf, un grand bovidé, le cheval et un asinien ; ces derniers sont remplacés par le sanglier dans les couches du Mésolithique final. Au Poeymaü (Arudy, Basses-Pyrénées), entre – 8000 et – 6300, les Sauveterriens ont chassé le cerf, le chevreuil, le bouquetin des Pyrénées, le chamois et l'ours.

Dans les niveaux mésolithiques de la grotte de Rochedane (Villars-sous-Dampjoux, Doubs), le cerf est très abondant, à côté de l'aurochs, du sanglier, de carnassiers variés et de quelques ovicapridés. Les dix-sept espèces d'oiseaux capturés comptent des habitants de forêt froide, parmi lesquels le lagopède (Lagopus), le tétras-lyre (Lyrurus tetrix) et la chouette de Tergmal (Aegolius funereus). À Birsmatten (canton de Berne, Suisse), pendant tout le Mésolithique (du Préboréal à l'Atlantique), le sanglier et le cerf représentent plus des trois quarts du gibier, le dernier quart étant constitué de bovidés, chevreuil, castor et petits carnivores ; dix-sept espèces d'oiseaux ont été chassées, dont onze au Mésolithique final.

Les amas coquilliers contiennent toujours les restes de nourritures plus substantielles ; en Bretagne, ceux du Mésolithique récent de Téviec et d'Hoëdic (– 4600) ont livré dix-neuf espèces d'oiseaux,[...]

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