MÉSOLITHIQUE
Les Mésolithiques et la mort
La plupart des sépultures découvertes dans les abris occupés au Mésolithique ancien diffèrent peu, par la position du corps ou les dépôts qui l'accompagnent, de celles du Paléolithique supérieur ; elles sont souvent associées à de l'ocre rouge, à des parures, exceptionnellement à des galets coloriés.
Sur la rive gauche du Mas-d'Azil, Piette a découvert, dans les couches aziliennes, les restes très incomplets de deux squelettes ocrés dans des fosses probablement creusées à partir des couches arisiennes. À Birsmatten, un squelette humain (– 6000), découvert par C. Lüdin en 1944, reposait sur le dos, les bras le long du corps et les pieds contre la paroi rocheuse. Un squelette inhumé dans le Castelnovien de Montclus (– 5000) était replié et couché sur le côté ; sur cette sépulture reposait une grosse pierre verte peinte en rouge.
Certaines de ces sépultures comportent un appareillage de pierres, comme celle de l'abri-sous-roche de Colombres (Espagne), la seule sépulture asturienne connue, fouillée en 1926 par J. Carballo, dans laquelle le squelette, allongé sur le dos, était entouré de petites plaques en calcaire ; dans l'axe du corps, contigu au crâne trépané, un cercle de pierres contenait trois pics asturiens. Le
dispositif peut être plus monumental, comme dans le gisement montadien de l'abri Cornille, daté du VIIe millénaire, où une des deux sépultures était entourée d'un caisson de pierres plates volumineuses plantées de chant.
Un aménagement semblable existait dans l'abri mésolithique de Roc del Migdia, en Catalogne (Vilanova de Sau, Osona). Ces appareillages « mégalithiques » constituent un fait nouveau dans le rituel funéraire ; de même que le groupement des sépultures en nécropoles ; en effet, du Portugal à l'Oural, au Mésolithique récent, probablement en liaison avec un ralentissement du rythme des déplacements saisonniers, ou peut-être même avec la sédentarisation, apparaissent de véritables cimetières, groupant les sépultures de plusieurs dizaines d'individus.
À Moita do Sebastião, dans la basse vallée du Tage au Portugal, les amas coquilliers mugiens contenaient trente-quatre sépultures ; un groupe d'inhumations de très jeunes enfants était un peu à l'écart des autres. Les corps, en flexion forcée, étaient parfois accompagnés d'ocre rouge ou de parures de coquilles ; les treize sépultures du gisement de Cabeço da Arruda et les dix-sept de Cabeço da Amoreira témoignent des mêmes pratiques ; les trois concheiros de Muge (Portugal) constituent, avec plus de deux cent trente inhumations, l'ensemble funéraire mésolithique le plus important actuellement connu en Europe.
Les amas coquilliers bretons de Téviec et Hoëdic (– 4600) étaient l'habitat des vivants et des morts ; les neuf sépultures de Hoëdic avaient reçu quatorze corps ; les dix sépultures de Téviec en contenaient vingt-trois ; dans les deux cimetières, des tombes regroupaient adulte(s) et enfant(s) ; certaines contenaient quatre et même six corps, ensevelis successivement, souvent couverts de bois de cerf ; les corps, en flexion forcée, parfois en position assise, étaient accompagnés d'ocre rouge, de parures de coquillages, d'outils (en particulier des lames à troncature) et de mâchoires de sanglier ou de cerf. À Téviec, dans plusieurs tombes, un amas de blocs de pierre recouvrait un foyer construit, lui-même édifié sur les corps. En Scandinavie, trois installations ertebolliennes sont associées à des nécropoles ; en Suède méridionale, celle de Skateholm I (– 4300), comprend cinquante-trois sépultures ; il y en a quinze dans celle, un peu plus ancienne, de Skateholm II ; au Danemark, le site de Vedbaek Bogebakken (île de Sjaelland), vers – 4100, comporte les tombes de vingt-deux individus. Les corps allongés sont plus nombreux à Vedbaek, où il y a également[...]
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Écrit par
- Michel ORLIAC : chercheur au C.N.R.S.
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