MÉSOPOTAMIE L'archéologie
Les principaux résultats
Les premiers villages
Laissant de côté l'énorme période préhistorique antérieure à l'apparition des premiers villages, on peut tenter de retracer le développement de l'ancienne Mésopotamie à partir de l'époque des premiers villages. La révolution néolithique, pour reprendre l'expression de Gordon Childe, ne s'est pas produite en Mésopotamie, mais dans les pays du Levant. Cependant, ces bouleversements du comportement humain gagnèrent vite la Djezireh iraqienne plus à l'est, comme en témoignent les données récemment obtenues sur des sites du nord de l'Iraq, Qermez Dere et Nemrik, à l'ouest et au nord de la ville moderne de Mossul. Toutefois, alors que le Levant a su évoluer très rapidement vers la production de subsistance, les plaines du nord de l'Iraq semblent ne pas suivre du même pas. En réalité, les habitants de Qermez Dere et Nemrik sont encore très proches des chasseurs-cueilleurs. La culture matérielle n'offre que des échos assourdis des modifications fondamentales de néolithisation « primaire » du Levant.
Cependant, à partir du VIIIe millénaire, la Djezireh iraqienne commença à se couvrir de villages dont les habitants pratiquaient l'agriculture et l'élevage. Dans ces steppes du nord (région de Mossul, moyenne vallée du Tigre), les archéologues soviétiques ont dégagé, à Maghzalia, l'un de ces villages (actif entre 7500 et 7000). Si l'alimentation des habitants repose encore en grande partie sur la chasse, ils connaissent cependant les animaux domestiques et pratiquent l'agriculture, récoltant du blé amidonnier et de l'orge à deux rangs. À Maghzalia, sur les pentes méridionales du Djebel Sinjar, l'agriculture sèche est possible, car la pluviosité naturelle est suffisante. On ne fabrique pas encore de céramique, mais on sait construire des maisons rectangulaires en pisé sur fondations de pierres sèches. À un certain moment de son existence, le village s'est entouré d'un imposant mur défensif en pierre.
À partir de 7000 avant J.-C., les villages se multiplient en Djezireh et témoignent d'une grande unité culturelle. La céramique est désormais connue, qui permet de classer et de comparer les « cultures » préhistoriques. Alors se met en place une civilisation villageoise dont – pour l'essentiel – les traits perdurent de nos jours (« culture de Hassuna » : sites de Shimshara, Yarim Tepe ou Hassuna lui-même).
Sur cette toile de fond, un fait de première importance se produisit au milieu du VIIe millénaire : des villages s'installèrent plus au sud, au centre de l'Iraq, dans la région de la ville actuelle de Samarra, où la faiblesse des précipitations empêche le développement des cultures sans le recours à l'irrigation. Il fallait pratiquer l'apport d'eau artificiel. Les habitants de ces nouveaux villages ( tell es-Sawwan, à côté de Samarra, ou Choga Mami, au pied du Zagros) en connaissent les techniques, car ils cultivent des espèces (lin et orge à six rangs) dont les graines prouvent, par leurs dimensions, qu'elles ont été irriguées. Dans d'autres domaines également, ces grosses agglomérations témoignent d'avancées majeures. À Sawwan comme à Choga Mami, l'architecture est raffinée et les maisons se conforment à des modèles très typés. Les maçons utilisent un matériau standard et rationnel, la brique de terre crue moulée, dont les dimensions calculées permettent un projet préalable. Les plans des édifices sont à peu près identiques, et l'on observe l'apparition de « types », qu'il s'agisse d'habitations ou de greniers. À la même époque apparaissent les premiers villages de Mésopotamie du Sud (Oueili), qui pratiquent l'irrigation.
Au début du VIe millénaire, la culture syrienne de Halaf, en une[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Louis HUOT : professeur d'archéologie orientale à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Médias
Autres références
-
AKKAD
- Écrit par Gilbert LAFFORGUE
- 2 890 mots
- 3 médias
Akkad (du sémitique Akkadû, forme à laquelle le scribe préférait Agadé) désigne à la fois une « ville de royauté » du IIIe millénaire avant J.-C. et la partie nord de la Babylonie. Du nom de la cité dérive le terme akkadien, qui sert à qualifier la dynastie royale d'Akkad, la population...
-
ALEXANDRE LE GRAND (356-323 av. J.-C.)
- Écrit par Paul GOUKOWSKY
- 6 470 mots
- 5 médias
...était nombreuse et de valeur, manquaient désormais les mercenaires grecs, décimés au cours des précédentes batailles ou perdus dans de vaines aventures. Les deux armées se rencontrèrent en Haute-Mésopotamie, près du village de Gaugamèles, non loin de la ville assyrienne d'Arbèles (Erbil). C'était une vaste... -
AMORRITES ou AMORRHÉENS
- Écrit par Gilbert LAFFORGUE
- 728 mots
Amorrites, ou Amorrhéen, est un nom de peuple que les orientalistes ont tiré du mot akkadien Amourrou, par lequel les Mésopotamiens désignaient la région située à l'ouest de leur pays et aussi ses habitants.
Comme les Amorrites n'ont pas écrit leur langue, nous ne les connaissons que par...
-
ANTHROPOLOGIE ANARCHISTE
- Écrit par Jean-Paul DEMOULE
- 4 847 mots
- 3 médias
...processus d’apparition de l’agriculture sédentaire à partir du IXe millénaire avant notre ère, du moins dans l’exemple qu’il a choisi, celui de la Mésopotamie. Lui-même éleveur en sus de ses fonctions universitaires, il décrit le processus de formation d’une nouvelle socialisation, la domus... - Afficher les 73 références