MÉSOZOÏQUE ou ÈRE SECONDAIRE
Paléoclimats et paléoenvironnements
Les reconstitutions environnementales et climatiques du Mésozoïque s'appuient sur la répartition de divers types de roches (carbonates, charbons, évaporites, bauxites, tillites ...), ainsi que sur la présence de structures particulières appelées glendonites. Ces dernières correspondent à des pseudomorphoses de l'ikaïte (CaCO3, 6H2O), minéral qui se forme dans les eaux froides (< 6 0C) des hautes latitudes. Se présentant sous forme de nodules de forme étoilée et à structure radiaire, l'ikaïte devient métastable et se transforme en calcite dès que la température du milieu atteint 5 à 10 0C. Le registre fossile et la répartition des faunes et des flores apportent également de nombreuses informations. Le degré de provincialisme (endémisme à l'échelle de grandes provinces paléobiogéographiques) constitue un indicateur des gradients thermiques entre basses et hautes latitudes. À titre d'exemple, on distingue classiquement au Jurassique et au Crétacé des faunes d'ammonites des provinces boréales et téthysiennes qui reflètent certainement des différences climatiques. De fortes différences entre les deux provinces paléogéographiques caractérisent des périodes de forts gradients thermiques, alors que l'atténuation du provincialisme marque des périodes de climats plus homogènes.
Depuis les années 1980, l'utilisation des isotopes de l'oxygène est devenue coutumière pour reconstituer l'évolution des paléotempératures océaniques. Les mesures isotopiques sont réalisées sur des fragments de roche, des tests d'organismes originellement calcitiques ou sur des éléments phosphatés tels que des dents de poissons dont l'émail particulièrement stable est très résistant vis-à-vis des effets de la diagenèse (transformation des sédiments en roches).
La répartition des paléosols et des argiles permet d'obtenir des informations sur l'intensité de l'hydrolyse des roches continentales, elle-même dépendante de l'humidité et de la température. On utilise, en particulier, la répartition des latérites et les proportions relatives de la kaolinite. Par ailleurs, le climat de la Terre étant sous forte dépendance des gaz carbonés à effet de serre (dioxyde de carbone – CO2 – et méthane – CH4), il est indispensable de prendre en compte les perturbations du cycle du carbone. Celles-ci sont appréhendées grâce à la mesure du δ13C du carbonate des sédiments océaniques ou de la matière organique contenue dans les sédiments continentaux ou marins.
L'aridité permo-triasique
Le caractère globalement aride de la fin du Paléozoïque se poursuit au Trias. Il est attesté par la nature des dépôts continentaux, principalement constitués de grès rouges, sables éoliens, évaporites et dépôts carbonatés lacustres, alors que les dépôts marins correspondent majoritairement à des plates-formes carbonatées de grande extension, à l'image des plates-formes des domaines alpins. L'abondance et la vaste répartition des évaporites suggèrent que les ceintures chaudes et arides s'étendaient probablement entre 15 et 50 0C de latitude, les zones tempérées jusqu'à 70 0C de latitude et que la ceinture humide équatoriale était très étroite.
La répartition particulière des masses continentales regroupées en un immense supercontinent, la Pangée, constitue une cause majeure de l'aridité. L'extrême continentalité limite naturellement les influences océaniques pourvoyeuses d'humidité à la frange côtière du supercontinent soumis à des températures élevées ou du moins très contrastées.
La période du Jurassique et du Crétacé
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Écrit par
- Jean-François DECONINCK : professeur des Universités
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