Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MESSAGE, Fernando Pessoa Fiche de lecture

Fernando Pessoa - crédits :  Apic/ Getty Images

Fernando Pessoa

Message fut publié en 1934, un an avant la mort de son auteur, Fernando Pessoa (1888-1935). Le poète portugais avait peu publié avant cette date : l'œuvre multiple qui allait lui valoir une célébrité universelle ne vit le jour qu'après sa mort.

À l'instar des Lusiades de Camões, Message exalte la gloire et les hauts faits du peuple portugais. À la différence pourtant du grand poète épique de la Renaissance, Pessoa part du mythe et non pas de l'histoire. En ce sens, Message, selon la pertinente observation d'Eduardo Lourenço, prolonge les Lusiades, commençant là où s'achevait le poème classique.

Un hymne à la gloire du Portugal

Le poème est distribué en trois parties. La première s'intitule Blason : les divers quartiers de l'écusson du Portugal y sont évoqués en différentes compositions. « Les Champs » comprend deux admirables pièces : l'une chante le Portugal, à la pointe de l'Occident, l'autre rappelle que « toute gloire s'achète au prix du malheur ». Les huit poèmes des « Châteaux » célèbrent des héros glorieux du destin national, tels Ulysse, fondateur légendaire de Lisbonne, ou le Roi Denis, le poète des « Chants d'amis », qui fit planter des pins dont le bois servit à construire les navires des découvreurs : « Et la fable des pins, ce murmure obscur,/ Est le bruit présent de cette mer future,/ C'est la voix de la terre qui désire la mer. » Le titre de la section suivante, « Les Quines », désigne les cinq plaies du Christ, se rapportant ici à cinq personnages au destin tragique, tous brûlés par la même « fièvre d'Ailleurs » et habités par la même « volonté de grandeur ». Cette galerie de héros pathétiques s'achève avec l'évocation de Dom Sébastien, le jeune Roi du Portugal, disparu dans la fameuse bataille d'Alcazar-Quivir (1578), fantôme désolé errant dans la brume, d'où, selon la légende, il ressortira un jour pour fonder le Cinquième Empire, dont tout un peuple rêve encore. Roi fou, assurément ; mais « sans la folie, l'homme est-il autre chose/ qu'une bête saine,/ un cadavre ajourné qui procrée ? » Le vainqueur de la bataille d'Aljubarrota contre les Castillans, Nuno Alvarez Pereira, qui obtint l'indépendance de « Saint Portugal », occupe seul « La Couronne » du blason. Enfin, trois héros des découvertes maritimes sont représentés dans la tête et les ailes du Griffon qui constitue « Le Timbre » : Henri le Navigateur, « unique Empereur, véritablement,/ qui tienne en sa main le globe monde », vient le premier, suivi du roi Jean II, et d'Alphonse d'Albuquerque, qui navigua jusqu'aux Indes d'Orient.

La deuxième partie du recueil, intitulée Mer portugaise, contient douze compositions à la gloire de la « possession des mers » Après Henri le Navigateur, apparu de nouveau, viennent « les découvreurs », ces illustres marins de la grande épopée du Lointain qui « s'épanouissait en fleur, quand se dissipaient la nuit et la brume,/ quand s'achevaient tempêtes et mystères... » Mais combien de malheurs furent le prix de ces prouesses : « Ô mer salée, combien de ton sel/ sont des larmes du Portugal ! » Une prière à Dieu achève ces visions du passé afin qu'il renouvelle « la flamme du courage » et le désir d'aller « conquérir la Distance ».

La troisième partie se place sous le signe du Roi caché. Dans la première section, « Les Symboles », le Roi invisible et le brillant Empire que son retour, à jamais différé, ne manquera pas d'inaugurer un jour, sont de nouveau magnifiés. Que n'entend-il l'appel qui au fil des siècles monte vers lui : « Où que tu sois, lointain, gisant parmi les ombres/ Et les poèmes, ressens nos rêves pleins de toi,/ Et dresse-toi du fond de ton non-être/ Pour ton nouveau destin ! »[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

Classification

Média

Fernando Pessoa - crédits :  Apic/ Getty Images

Fernando Pessoa

Autres références

  • PESSOA FERNANDO (1888-1935)

    • Écrit par
    • 2 000 mots
    • 1 média
    Un prix lui est décerné, en décembre 1934, pour ce livre, par le secrétariat à la propagande du gouvernement Salazar, dont il semble avoir, pendant quelque temps, approuvé l'idéologie. Quelques années plus tôt, il avait été redécouvert par les jeunes poètes de Coimbra réunis autour de la revue ...