MESSE L'Homme armé (G. Dufay)
Avec sa célèbre Messe Notre-Dame (vers 1360), Guillaume de Machaut a créé la messe unitaire, dans laquelle les différentes pièces de l'ordinaire sont reliées par un élément commun. Guillaume Dufay, sans doute le plus illustre représentant de l'école franco-flamande, va, plus encore que Machaut, affirmer cette volonté organisatrice dans ses messes complètes. Cette détermination culmine dans ses dernières messes, notamment dans la messe L'Homme armé, écrite, selon toute probabilité, entre 1459 et 1461. Dans cette messe à quatre voix, l'unité est assurée par une formule mélodique présente au début de chaque pièce et appelée motif de tête (ou Kopfmotiv). Par ailleurs, la « teneur », c'est-à-dire la voix qui soutient généralement les autres voix, perd son caractère prédominant et se fond dans l'ensemble ; avec ses messes, mais également avec ses motets et ses chansons, Dufay ouvre ainsi la voie aux grands polyphonistes de la Renaissance. Enfin, cette teneur est fondée sur une mélodie profane, reprise d'une chanson très populaire au xve siècle, et non plus sur une mélodie grégorienne. Dufay est probablement le premier à l'utiliser (un doute subsiste sur l'antériorité de la messe L'Homme armé de Johannes Ockeghem) ; cette mélodie sera reprise dans de très nombreuses messes jusqu'au xviie siècle.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Juliette GARRIGUES : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)
Classification
Média